Par-delà l’espace et le temps, le nar­ra­teur auteur Bruno Doucey, par­le de et à Mar­i­anne Cohn. Il est, le mot n’est pas de trop, en com­mu­nion avec elle. Il nous livre son admi­ra­tion, son amour pour cette jeune femme, attiré qu’il est par sa per­son­nal­ité. Cette biogra­phie entre imag­i­naire et réal­ité est une œuvre de mémoire qui nous rap­pelle les valeurs fon­da­men­tales du vivre ensem­ble. Cette jeune juive née en 1922 en Alle­magne les incarne. 

Le livre de Bruno Doucey à valeur de résur­rec­tion sym­bol­ique. Il lui redonne vie, il lui redonne la parole ; Si tu par­les Mar­i­anne en est le titre.

Un poème a été le déclencheur de cet écrit. Le seul poème con­nu de Mar­i­anne Cohn, peut-être le seul qu’elle ait écrit…

« Les mots de ton poème sont entrés dans ma vie. C’était il y a longtemps. Ce jour-là je leur ai offert l’hospitalité. Pour tou­jours. Ils ne sont pas repar­tis. » ( p. 12)

C’est le début de la ren­con­tre ; et le désir de lui redonner vie : « Que puis-je pour te redonner vie ? par­ler de toi…écrire un livre pour toi. » (p. 14)

Bruno Doucey va dire la vie ful­gu­rante, trag­ique et lumineuse de cette jeune juive née en Alle­magne en 1922, qui fuira avec sa famille l’Allemagne nazie pour se réfugi­er en Espagne puis en France.

Mar­i­anne résis­tera à sa façon et fera pass­er des enfants juifs en Suisse. Elle sera arrêtée dans la nuit du 30 au 31 mai 1944 et exé­cutée à 22 ans dans la nuit du 7 au 8 juil­let 1944 dans la forêt de Ville-le-Grand avec 5 maquisards.

L’écriture nous rap­pelle bien que Bruno Doucey est poète : « Le jour de ta mort, il n’y a plus d’ombre. Juste la lumière de l’été ; quand cette blancheur extrême devient noire. » (p.20) On ne peut qu’être emporté et par l’écriture et par cette quête de sens que fut la vie de Mar­i­anne Cohn à hau­teur d’humanité quand la vie se fait résis­tance à la bar­barie ; quand même le risque de la mort n’empêche pas de défendre la fra­ter­nité, la liberté.

C’est cela aus­si ce réc­it de vie, dont les héros sont des gens ordi­naires à qui l’on a envie de ren­dre hom­mage, pour ne pas oubli­er que cela fut.

Mar­i­anne s’est tue « sans trahir », comme elle l’avait écrit dans son poème qui a été retrou­vé dans la poche de l’un des enfants qu’elle avait sauvé.

Un poème tes­ta­ment qu’elle nous a légué, Bruno Doucey en est devenu le légataire car il se sent le devoir de partager cet héritage humain, moral et poé­tique avec tous ceux qui ne veu­lent pas oublier.

La mort n’a pas eu le dernier mot, c’est aus­si le mes­sage de ce réc­it lumineux.

Il nous restait le poème, aujourd’hui il y a ce livre pour écouter Mar­i­anne nous parler.

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