Est-ce toi l’ange, au si doux vis­age ? Je t’ai croisé l’autre nuit.
Tu es venu me délivr­er du vis­i­ble, ― dis, est-ce bien toi l’ange ?
Tu par­les la langue des oiseaux, tu voles au-delà des limites
quand moi, je n’at­teins que les con­fins de moi-même.
Tu pass­es, tu gliss­es, sans pourquoi ni au revoir, ― tu disparais.

J’en­tends un bruisse­ment dans les feuil­lages, est-ce l’an­nonce de ta venue ? Allons-nous nous bat­tre comme des pau­vres, sache que je suis prêt au com­bat, je ne crains pas ta puis­sance. Même si par­fois, je suis fatigué de tous les com­bats. Ma force est red­outable, mes griffes tran­chantes, mon cynisme étincelle.

― Tu ris d’in­no­cence ! Comme je te com­prends, la grâce est de ton
côté. Tes lèvres trem­blent comme les miennes, comme tu me ressem­bles, je suis d’un autre roy­aume moi aus­si, ni de celui des vivants, ni de celui des morts, mes ailes bat­tent entre les mon­des. J’a­vance en aveu­gle, ― mon œil voit au-dedans.

Ah ! Je brûle de t’en­ten­dre, mais tu gardes le silence. Con­nais-tu l’orgueil toi aus­si, l’orgueil démesuré des grands esprits aériens ? J’aime la pâleur de ton vis­age de porce­laine, l’ef­froi de ta beauté me paral­yse, mon verbe tant s’épuise qu’il voudrait tout emporter.      Le vent se lève, n’est-ce qu’une tempête ?

 

Paris, le 21 avril 2008
 

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