Dans la pous­sière de ce qui a été quand s’y colle
non la farine mais une épais­seur des jours que ni
la pluie ni l’ombre ne savent déchiffr­er – dans cette
pous­sière-là il survit à deux pas de lui-même le village
que sur­plombe la mon­tagne. Loin trop loin de lui au
cen­tre d’une cui­sine où depuis longtemps le blé a été
rem­placé par l’acier et l’acier par le sou­venir le repas
qu’on pré­pare est le seul remède con­tre la perte de
l’oubli.
            Il y a une fis­sure invis­i­ble dans le flanc de la
mon­tagne. Sur la colline d’en face la ruine et le château
loin­tain en con­nais­sent l’histoire. Elles sont aussi
au-dessus dans le ciel la ruine et la fis­sure. Et il y en a
même dans le flanc de ta peau. On dirait un lac cicatrisé.
On dirait que rien n’a été recousu après l’opération.

Paris, mars-avril 2010
 

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