Le soleil noir des cerises,
le sang porté aux lèvres
encore  et  toujours
avec le temps qui passe ;
le temps passé
sur le vis­age et le livre des mains.
On se regarde du bout des doigts,
on porte le fruit à la bouche ;
On cherche sa lumière.
On espère un reflet, un seul,
sur le poli de la peau
Est-ce la nôtre ? Est-ce la sienne ?
Ton silence fait trem­bler le verg­er tout entier.
La nuit se fait pulpe
le soleil s’est figé sur sa branche,
Dans l’herbe nous ne dor­mons que d’un oeil
roulé sur nous-même, en nous,
noy­au ! Cellule !
Sou­venir ten­dre sous la dent
de la mémoire.
Ensem­ble, nous sommes ce soleil noir
fri­able sous le bec jaune du merle

*

Nous sommes ce fruit mûr
sous l’ac­cord par­fait de tes doigts.
Voy­age de silence et de pluie sur l’écorce,
le corps et son mensonge.
Cerise le vent porte le mes­sage des feuilles,
il l’épèle et le dénude.
Une fois encore tu cajoles le silence
Devant la fenêtre tu berces cha­cun de ses non-dits.
Tout fris­sonne et fris­sonne encore
jusqu’à se qu’apparaisse
l’om­bre du chat, et cette vie
qui nous échappe
comme le fruit qui tombe d’une branche.
 

inédits 2012

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