C’est à l’écart qu’il faut marcher
enrichir la terre & tenir
table ouverte tranch­er le temps
dans le sens de la rivière
tra­vailler les douloureuses
épaules du firmament

c’est à l’écart qu’il te faut faire
ce que tu sais faire à l’écart
dans le lacis des abandons
dans le lierre des victoires
quand virevoussent les danseurs
sans bruit de pas ou de tissu

c’est à l’écart que tu élagues
les nuits aux branch­es trop lourdes
trop gorgées de sèves d’ailleurs
de solil­o­ques importuns
quand quelqu’un d’autre s’est assis
chez toi qui plus est en ton nom

c’est à l’écart que tu restes
attisé loin des vents mauvais
dans cet affaisse­ment de mâts
loin des naufrages & des regrets
attisé comme un frêle phare
ne guidant que les ros­es rouges
& quelque autre cœur à l’écart

c’est à l’écart que d’autres jours
aiment à naître tressés de treilles
& de trilles chargés de voix
incon­nues & tiennes pourtant

c’est à l’écart que ton souffle
se creusera pour accueillir
au lit des paumes accolées
les plus antérieures des pluies

 

 

extrait de Les Belles Choses – Paul Dirmeikis – Edi­tions de L’Eveilleur (2014)
 

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