C’est un mort très neuf
que l’on cache en terre :
vingt ans à peine
et le cœur à nu.
Les cyprès ne lui parleront
qu’en notre absence ;
c’est une rancœur de silence
que l’on plante.
Que sortira-t-il
de tant, tant de graines
semées en ce monde
pour l’absurdité ?
C’est un mort novice
fraîchement promu
aux terreuses palmes
et qui n’ose encore se faire complice
de ce trop grand calme.
Quel monstre de chair
et d’herbes mêlées
un jour jaillira
de ces faux jardins ?
C’est un mort confiant
mort de sa confiance
qui reproche.
(Algérie, 1958)