Cette rose fut tant appelée par le poète,

Qu’elle en oublia même le poids de l’abeille
Et celui de la pre­mière rosée,

Qu’elle en oublia la pluie,
L’odeur du cheval et la forme des poèmes.

Elle en oublia jusqu’au sens même des mots,
Les mots les plus sim­ples et les plus ordinaires,
Ceux dont on rêve et ceux que l’on pleure.

Elle oublia aus­si tous ceux dont elle por­tait encore
Le cœur rouge et les respirations,

Elle en oublia tout de tout.

Parce que tout cela, dit-elle,
Le poème, la colère, les larmes et même la tristesse du ciel,

Tout cela n’est réponse à rien (1).

 

© Les Ennu­age­ments du cœur, Let­tres Vives, 2004.

 

(1) Israël Eli­raz, Abeilles/Obstacles, José Cor­ti, 2002.

image_pdfimage_print