Haiku

1-

Laisse la pluie
S’installer dans les profondeurs
Dans le sol obscur
De ce laurier-rose

2-

Des goé­lands blancs
Atter­ris­sent dans les eaux profondes
Entre l’ombre des bateaux
Et les filets des pêcheurs

3-

0ù nous étions
Il n’y avait que les cactus
Les pierres
Et la brise qui passe
Par­mi les oliveraies

4-

L’odeur des narcisses !
C’est sans doute la nuit
Les chemins sont boueux
Dans un hiv­er lointain

5-

Le château de l’Alhambra !
La musique d’un musi­cien aveugle
Tâte dans l’obscurité
Le corps des Hétaïres

6-

Ô tamarinier
Com­bi­en de fois
As-tu fleuri dans notre absence !

7-

Seule­ment dans cette chanson
Le Jas­min éclot
Plus d’une fois

8-

Sous le sable du désert
Les soli­taires écoutent
Le chant de la pluie
Racon­ter leurs histoires

9-

Une fois vieille
Ma mère ne recon­nais­sait plus les visages
Et les voix
Mais seule­ment ses chansons

10-

L’été des tombes abandonnées
Trans­forme nos vieillards
En fleurs
Jours après jour

11-

Les enfants morts ne revi­en­nent pas
Sur les mêmes chemins sablonneux
Mais d’en haut
A tra­vers les branch­es des oliviers

12-

Ô Indi­en silencieux
Que sait-il le gémisse­ment de la cithare
Et que cache-t-il ?

13-

Ô rouges bougainvilliers
Etes-vous sûrs
De la finesse de l’été
L’été des larmes retenues ?

14-

Ce silen­cieux
A la gorge blanche
Les papil­lons le couvrent
Le vent le traverse

15-

Elles n’ont pas de noms
Mais elles éclosent
L’une après l’autre
Ces fleurs blanches

 

La chan­son de l’oiseau en pierre

Je vais tout libér­er en toi
Pour que tu sois mien
Ô oiseau en pierre
Ô silence d’une gui­tare perdue
Dans la brume des siècles,
Où mon coeur trou­ve ses réjouissances
Où trou­vent leurs noms
Cette fleur
Cette chas­ser­esse rusée
Les tribus d’herbes
Et la chan­son des racines
Qui va bien­tôt se chang­er en pierre

Je vais tout libér­er en toi
En pen­sant aux larmes qui sont
Les petits-enfants des tornades
Aux let­tres qui n’ont pas été écrites
Car elles par­tent tou­jours vers la nuit
Aux langues qui sont un oiseau perplexe
Qui ne trou­ve pas ce qui le nommerait
Entre deux corps

Ô oiseau en pierre,
Mon ami
Mon frère
Mon semblable
Vic­time de la chanson
Bruisse­ment du vent entre les feuilles d’arbres desséchées
Ô équili­bre vénérable
Qui nous évite le ver­tige de la chanson
Et nous laisse un laps de temps
Pour échanger
Nos bagues en pierre

Ce soir

Une pluie fine
Peut-être les fleurs des orangers jonchent-elles le sol
Peut-être le corps a‑t-il fait attention
Ce soir est un jardin comme moi
Comme toi
Il se réveille sans patrie
Nulle terre au grenadier
Nul fleuve à mon ombre
Ou à la tienne
Personne
Une pluie fine pour les racines
Et une brise qui passe
Furtivement
Entre les feuilles du corps

 

Ain­si les aïeux se sont réveillés

Ils n’ont pas fré­mi comme la pluie
Ni regardé comme un désert
Devant leurs petits-enfants qui les ont trans­portés sur des bateaux de rivière
Ils étaient silencieux
Et sor­taient des rochers
De l’argile
De la poussière
Sous les coups de pioche
Dans le bruisse­ment des feuilles d’arbres
Sous une pluie fine
Par­tant comme ils sont par­tis jadis
Dans le temps
Par­tant comme ils sont par­tis jadis
Dans la blancheur du marbre
Mys­térieux comme ils le sont dans les légendes
Dans les forêts
Dans les val­lées profondes
Dans les déserts
Et dans les chan­sons des mères

Ils n’ont pas tres­sail­li en s’allongeant avec
Leurs armes au complet
Leurs amples vêtements
Et leurs langues gravées
Sur les poitrines, sur les épaules
Et sur les socles en pierre
Ils se sont soumis comme les statues
Aux courants marins
Aux soleils
A l’obscurité des salles vitrées
Et à la curiosité des hommes de sci­ence occidentaux

Ô poème qui n’était pas encore né en ce temps-là
Ô chevaux aveugles
Ô yeux bêtes
Com­bi­en d’automnes faudrait-il
Pour que les aïeux se réveillent ?
Com­bi­en d’enfants appren­dront-ils suffisamment
Pour enfon­cer leurs doigts dans le sol
A la recherche de leurs pères
Et de leurs mères ?
Com­bi­en de poètes seront-ils suff­isam­ment prêts
Pour la mort
Pour récupér­er le plaisir du chant
Et l’histoire de la rose ?
Com­bi­en de villes seront-elles suffisamment
Brûlées
Pour récupér­er un ciel limpide
Et nos marchés populaires ?
Com­bi­en de peu­ples faudrait-il
Qu’il naisse
Pour que tu enten­des ce gémisse­ment qui émane
De l’incendie de l’Histoire ?

Rome à midi

A une vieille Italienne
Qui fab­rique du vin
Et loue les cham­bres de sa maison
A des pein­tres arabes con­tre leurs tableaux ;
Aux places qui regor­gent de gitanes
De caricaturistes
De vendeurs de chaussures
Et de vagabonds ;
A cette marée humaine
Qui porte des canettes de bière, des sandwichs
Et des caméras
A midi
Entre le Col­isée et le forum ;
A mon ami déten­teur d’un passe­port falsifié
D’une four­rure volée à un com­merçant alépin ;
A son élan révo­lu­tion­naire chronique ;
A sa chan­son qui ne parvient pas
Aux filles qui cherchent un ami
Et une chambre
Où repos­er leurs pieds nus ;
A Rome avec ses ruelles, ses enfants
Ses maroquiniers
Et ses restau­rants bon marché ;
A la rue Cavour si calme
Où les bour­geois s’isolent
Et les feuilles de l’automne tombent
Sur le trot­toir mouillé ;
A l’église Saint-Pierre
Avec sa fontaine
Ses cent statues
Et sa haute coupole
Où les touristes peu­vent observer
Les jardins du Pape
Pour quelques livres ;
A toutes ces rues rem­plies de plaisir
De vin
De tranch­es de jambon
Et d’épuisantes promenades ;
A ce midi muet…

Que dire ?

 

Pour quels arbres chantons-nous ?

1-

Com­bi­en d’images pour la nuit
Accom­pa­g­nées par la distance
Et le retentissement ?
Le vent annonce que cette nuit sera éclair
La fenêtre un refuge
Et la terre des humeurs
Des steppes qui ont mar­ié leurs fils au vent
Des rochers
Qui obser­vent les petits-fils
Un épi
Qui sur­prend le bel oiseau de l’aube
La nuit coule
Dans les veines des rochers
Est-ce notre sang qui court
Bous­culé par les bouquetins
Ou bien sont-ce les saisons qui gémissent
Puis se calment
Et s’établissent
Alors que nous sommes leurs orphelins ?
Com­bi­en d’images pour la nuit qui ressus­ci­tent la rose du sens
Telle que les chan­sons nous réjouiraient
L’eau serait là où nous serions
Les jardins et les déserts nous emporteraient
Là où nous serions
Le soleil serait fort
Et nous les bagages ?
Qui a dit que la dynas­tie de l’exil s’absente
Et dis­paraît dans la tornade ?
Nos aïeux sont un chagrin
Sur les feuilles
Une ponc­tu­a­tion sur les tableaux
En langue arabe.
C’est l’exil !
Mais celui-ci
Et la nostalgie,
Sont l’enfance de la nuit   Et de la splen­dide mer

2-

Com­bi­en d’images pour la terre ?
Toute l’enfance des rivages ne suf­fit pas
Pour que je cache nos larmes
Dans le labyrinthe de l’Histoire
Tous les épis du désert ne suff­isent pas
Pour que je cache notre faim dans les chan­sons de la mer
Est-ce notre sang qui court
Ou bien est-ce la terre dev­enue éclair
La mort une porte
Et l’enfance une tornade ?
Ne par­don­nez pas à la mer et au désert
Tous les bateaux des tués y passent
Notre mois­son est un voyage
Nos poèmes une lamentation
Nous chang­erons les choses jusqu’à la dernière lune
Nulle lune excep­té notre sang
Nulle patrie
Excep­té ce retentissement
Com­bi­en d’images pour la nuit ?
Dites une image ou deux
Les poètes auraient eu raison
S’ils avaient touché le ciel de Dieu
S’ils avaient fondu
Comme l’eau du fleuve
Amoureux à l’aube de l’enfance

 

3-

Nous sommes revenus
Notre charge sans abri
Là-bas nos filets dans l’eau
Veillent
Ne por­tant que nos aimés
Tués
Ne par­don­nez pas à la nuit et aux exils
Ne par­don­nez pas
A la voix et au sens
Nous avons posé le pied à terre
Et mar­ié la chan­son à un corbeau
Elle n’était pas à notre image
(Tous les côtés sont des hanches
Et toutes les étoiles des mariées)
Mensonge
Et ma voix en est témoin
Nul épi sans que ses débris
Ne soient mouil­lés par mes larmes
Nulle image sans que mon corps ne soit
Sous son mur
Inter­ro­gez les vivants sur une racine
Sur les aïeux
Sur com­ment se sont-ils déchirés dans le cahi­er du souvenir
Nous nous informerons sur ce que serait
La résur­rec­tion de la vision

4-

La nuit coule dans les veines des rochers
Qui témoign­erait en faveur d’un oiseau
Qui récupère la résur­rec­tion de l’oiseau
En faveur d’un jardin qui part der­rière sa verdure
Dans la soli­tude de l’âge
En faveur de bateaux qui viennent
En traî­nant der­rière eux le saule de la mer ?
C’est notre mys­tère qui résiste aux sages
Alors ils l’ont contourné
Ils l’ont jeté dans un fos­sé sur le chemin des caravanes
Et ont prétendu
Que les oiseaux sont une fiction
Et les chan­sons un labyrinthe
Ô mer
Ô désert
Savent-ils
Que chemin est notre sang
Et tor­nade sont les enfants orphelins ?
C’est notre sang qui court
Bous­culé par les bouquetins
Comme si une muraille était tombée sur lui
Et les créa­tures se sont égarées
Et ont prêté l’oreille au jour du juge­ment dernier
Qui sommes-nous ?
L’argile des peuples
Et leur sel
Nous ne sommes pas ici ou là-bas
Pour être encer­clés dans les failles des régimes
Nous ne sommes pas sur le papi­er des journaux
Pour mourir
Avec les coupures d’électricité
Et l’épuisement du pétrole
Dans ces déserts sombres
Nous sommes les racines mar­iées à toutes les saisons
Nous sommes des versets
Chan­tés par les saisons
Et chaque sai­son est une épopée.

Naji Al-Ali

Tu m’as aban­don­né beau dans les langues
Tu m’as abandonné
Et tu es parti
N’est-ce pas peu que la mort s’écarte de nous
N’est-ce pas peu ?
Ô sur­prenant qui ignore que nous avions un rendez-vous
Dans les almanachs
Plus sim­ple que ce que tu as accompli
Pourquoi changes-tu mon monde
Et appa­rais-tu comme un nou­veau cli­mat sur la terre ?
Pourquoi effaces-tu et abrèges-tu jusqu’à ce que le sacré devienne
Une longue plaie ?
Tu m’as lais­sé seul en plein air
Et tu as nommé
Jusqu’à ce que j’imagine une terre autre que la terre
Un peu­ple autre que le peuple
Jusqu’à ce que je me mul­ti­plie comme toi
Et que je rede­vi­enne beau
Comme je ne l’ai jamais été.

Ô rosée des humbles
Ô couleur des pays lointains
Ô feu
Résis­tant généra­tion après l’autre
Ô blanc affranchi et provoqué
Quand les con­nais­seurs se troublent
Et que le gris devient
Une longue époque
Ô gitan qui, pour­chas­sé par les tribus au nom du coucher,
Pré­pare pour nous une aurore
Et un crépuscule
Ô gitan avant lequel il n’y avait nulle langue pour la beauté
Mais brassage
Sur le théâtre des créatures
Qui ennoblis­sait la hyène
Et éle­vait l’éléphant,
Tu es seul à présent dans la cage des créatures
A observ­er une époque
Soumis
Seul main­tenant à dénon­cer le men­songe des conteurs
Et à séduire les pier­res et l’impossible
Par le temps des monstres
Tu étais un rêve
Que tu as pour­suivi jusqu’à la fin
Vif ou mort
Tu n’es pas arrivé…
Com­ment pour­rais-je être un martyr
Solitaire
Sur une graine
Où toute une nation s’est établie
Et sur une conscience
Qui fait ses adieux à une généra­tion et en réveille une autre ?

 

Les bar­bares sur la côte palestinienne

Leurs années filent
Pen­dant qu’ils se dépla­cent sur les plages
Effrayés
Leurs yeux sur la mer
Habités par des peurs sans forme ;
Des femmes qui s’étirent
Des bour­geois en vacances
Des enfants
Des agents de change
Des sol­dats pour les massacres
Et d’autres pour la surveillance
Depuis qu’ils ont foulé la côte et ses maisons

 

Prélude pour le camp ‑1-

Nous ne t’avons pas con­nue, ô souffrance
Ô mères
Ô villages
Ô enfants
Nous ne t’avons pas con­nu, ô paysan
Qui fab­riques les lits
Et les jarres
Nous ne t’avons pas con­nu, ô pécheur doré
Pen­dant que tu pour­chas­sais tes jours
Au fond de la mer
Nous ne t’avons pas con­nus, ô mys­térieux tisserand
Ô amants dans les caves des oubliés
Ô vous qui partez vers la mort
Ô soirées
Durant lesquelles la terre et les poumons s’élargissent
Et que nous visi­tons nos maisons
Flairant
La fumée des villages

Nous n’avons pas enten­du le tin­te­ment des cloches
Ni les san­glots de nos morts
Ni la danse des aïeux et des soeurs
N’avons pas goûté au fait d’avoir des parents
Une mai­son et une chanson

Désolé, ô vaste souffrance
Ô dieu du tiers-monde
Désolé, ô enfants
Devenus argile
Ô mères con­sti­tuées de gin­gem­bre, de cannelle
Et de légendes
Ô pères per­dus à l’aube du siè­cle dernier
Entre les guer­res des Ottomans
Et les con­flits entre clans bédouins
Désolé, ô patrie ensor­celée par la main des poètes
Et changée en gazelle ou nuage
Désolé, ô verdure
Ô sang
Qui avales les couleurs perdues
Dans l’arbre de notre enfance

 

Prélude pour le camp ‑2-

Privés des couleurs
Nous essayons de commencer
Oubliés
Nous essayons de sortir
Du fond de notre enfance
Comme la ver­dure, nous grimpons
sur les murs des étages
Nous vous apparaissons
Du cimetière des mar­tyrs inter­dits de circuler
Nous venons vers vous en rivières
En sang
En langues
Allons‑y, ô soli­tude, sortons
De tous les noms
Vers nous-mêmes, sur nous-mêmes
Allons‑y, ô vers insensés
Qui sème en sort doré comme le blé
Et qui s’enfonce dans la forêt
Revient en bouquetin
Alors pourquoi mon peu­ple est-il
Une expres­sion futile
Dans la bouche des poètes ?
Pourquoi mon peu­ple devient-il une ferme
Pour les salauds ?
Pourquoi
Ô feu oublié de la Palestine
Ô feu sauvage de la Palestine
Ô âge des mar­tyrs ensevelis
Pourquoi
Péris­sent les choses
Les enfants
Les arbres
Pour ne rester que le vis­age de la bétyle
Et les com­merçants de Qoreich
A tous les tournants ?

Allons‑y, ô vague
Que déluge se retire
Que la genèse commence
 

Traduit de l’arabe (Pales­tine) par Antoine Jockey

 

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قصائد هايكو

 

1
دعي للمطر ْ
أن يستقر ّ في الأعماق ْ
في التراب ِ المعتم
لهذه الدفلى البرّيةْ

2
نوارس ٌ بيضاء
تحط ّ في المياه  ِ العميقة
بين ظلال  ِ السفن
وشباك ِ الصيادين ْ 

3
حيث كنـّا
ليس سوى الصّبار ِ
والحجارة ْ
والنسيم ِ العابر ْ
بين أحراش ِ الزيتون ْ

4
رائحةُ النرجس!
لابد ّ أنه الليل ُ
والطرقات ُ الموحلة ْ
في شتاء  ٍ بعيد ْ

5
قصور الحمراء!
موسيقى عازف ِ أعمى
تتلمس ُ في العتمة
أجساد َ المحظيات ْ

 

6
يا شجر َ الصبار ْ
كم مرّة ٍ
أزهرت َفي غيابنا !

7
في تلك الأغنية وحدها
يتفتح الياسمين
أكثر من مرّة ْ

8
تحت رمال الصحراءْ
يسمع ُ المتوحدون
أنشودة َ المطر ْ
تروي حكاياتهم ْ

9
بعد أن هرمتْ أمّي
لم تعد تتعرف على الوجوه ِ
والأصوات ْ…
أغانيها
هي كل ّ ما تتذكر ْ

10
صيف المقابر المهجورة
يحوّل َ عجائزنا
إلى أزهار ٍ
يوما ً بعد يوم ْ

11
لا يعود الأطفالُ الراحلون
على الطرق ِ الترابية ِ نفسها
بل عاليا ً
عبر َ أغصان ِ الزيتون ْ

12
أيها الهنديُّ الصامتْ
ما الذي يعرفه ُ
ويخفيه ِ
أنين ُ السيتار ْ ؟

13
يا أزهار البوكنفيليا الحمراء
هل أنت ِ واثقة ٌ
من رقّة ِ الصيف ِ
صيف ِ الدموع ِ المكتومة ْ ؟

14
ذلك الصامتْ
بمحاجره  ِ البيضاءْ
تجلببـه ُ الفراشـات ْ
تمـرُّ بـه ِ الريح ْ

15
لاأسـماء َ لهـا
ولكنـّها تتفتـح ُ
واحـدة ً بعد أخـرى
هذه الأزهـار ُ البيـضاء ْ

 

 

أغنية الطائر الحجري

سأطلقُ كلّ ما فيكَ
لتكون َ لي
أيها الطائر ُ الحجري ُّ
يا صمت َقيثارة ٍ ضائعة ٍ
في ضباب ِ القرون ْ
حيث يجد مسّراته ِ قلبي
وتجد أسماء ً لها
هذه الوردة ْ
وهذه الصيادة ُ الماكرة ْ
وقبائل ُ الأعشاب ْ
وأغنية ُ الجذور ِ التي
ستتحوّل إلى حجر ٍ بعد قليل ْ

سأطلق ُ كل ّ ما فيك َ
مفكّرا ً بالدموع ِ التي هي
أحفاد ُ الأعاصير ْ
بالرسائل ِ التي لم تـُكتب
لأنها تمضي باتجاه ِ الليل ِ دائما ً
باللغات ِ التي هي طائر ٌ مرتبك ٌ
لا يجد ما يسميّه
بين جسدين ْ

أيها الحجريُّ
يا صديقي
يا أخي
يا شبيهي
يا ضحية َ الأغنية ْ
يا خفقة َ الريح ِ بين الأوراق ِ اليابسة ْ
أيها التوازن ُ الجليل ُ الذي
يحفظ الأغنية من أن تميد َ بنا
ويترك لنا فسحة ً من الزمن ْ
نتبادل ُ فيها
خواتمنا الحجريـّة ْ

 

هذا المساء

مطرٌ خفيفٌ
ربمـا انتثرت ْ زهور ُ البرتقال ِ
وربمـا انتبه الجسد ْ
هذا المساء ُ حديقة ٌ مثلي
ومثلك ِ
يستفيق ُ بلا بلد ْ
لا أرض َ للرمّـان ِ
لا نهرا ً لظلي
أو لظلّك ِِ
لا أحد ْ
مطر ٌ خفيف ٌ للجذور ِ
ونسمـة ٌ مرّت
سريـعا ً
بين أوراق ِ الجسـد ْ

 

هكذا استيقظ الأجداد

لم يرتعشوا مثل َ أمطار ٍ 
ولا تطلعوا مثل صحراء ٍ
أمام أحفادهم الذين نقلوهم إلى السفن ِ النهرية ْ
كانوا صامتين َ
يخرجون من الصخر ِ
والطين ِ
والغبار ِ
تحت رنين ِ المعاول ْ
وحفيف ِ أوراق ِ الصنوبرْ
والمطر ِ المشرقي ِّ الخفيف ْ
ذاهبين كما ذهبوا ذات َ يوم ٍ
في الزمان ْ
راحلين كما ارتحلوا ذات يوم ٍ
في بياض ِ الرخام ْ
غامضين كما هم في الأساطير ِ
والغابات ِ
والوديان ِ الهائلة ِ الأغوار ِ
والصحارى
وترانيم ِ الأمهات ْ

لم ينتفضوا وهم يتمدّدون َ بكامل ِ
أسلحتهم
وأثوابهم السابغة ْ
ولغاتهم المنقوشة ْ
على الصدور ِ والأكتاف ِ
والقواعد ِ الحجرية ْ
استسلموا مثل كل التماثيل ِ
للتيارات ِ البحرية ِ
والشموس ِ
وعتمـة ِِ القاعات الزجاجـية ْ
وفضول ِ العلماء ِ الغربيين ْ

أيتها القصيدة ُ التي لم تولد آنذاك
أيتها الخيول ُ العمياء ْ
أيتها العيون البلهـاء ْ
كـم خريـف ٍ سيمـضي
حتى يستيقظ الأسلاف ْ ؟
كم طفل ٍ سيتعلم بما يكفي
ليغرس أصابعه في التراب ْ
باحثا ً عن آبائه ِ
وأمهاته ِ ؟
كم شاعر ٍ سينضج للموت ِ
بما يكفي
لاسترداد ِ شهوة ِ النشيد ِ
وتاريخ ِ الوردة ْ ؟
كم مدينة ٍ ستحترق
بما يكفي
لاسترداد ِ السماء ِ الصافية ْ
وأسواقنا الشعبية ْ ؟
كم شعوب ٍ ستولد
بما يكفي
لتسمع هذا الأنين َ القادم َ
من حريق ِ التاريخ ْ ؟

 

روما في الظهيرة

لعجوزٍ إيطاليـة ْ
تصنع النبيـذ ْ
وتؤجـر غرف َ بيتـها
لقـاء َ لوحات ِ الرسامين العرب ْ ،
للسـاحات ِ المكتـظّة ِ بالغجـريات ْ
ورسّـامي الكاريكاتورا
وبائـعي الأحذية ْ
والخرز ِ الملـوّن ِ
والمتشردين ْ ،
لهـذا السيلان ِ البشـريِّ
تحت الظهيـرة ْ
بين الكوليزيه والفـورم
حامـلاً علب َ البيـرة ِ والسندويشات ِ
وكاميرات التصوير ،
لصديقي حامل ِ جواز ِ السـفر المزوّر ْ
وفروتـه ِ المسروقـة من تاجر ٍ حلبي
لثوريتـه ِ المزمنـة ْ
لأغنيته ِ التي لاتصل ْ ،
للفتيـات ِ الباحثـات ِ عن صديق ٍ
وغرفـة ٍ
يلقين فيها أقدامهن العاريـة ْ ،
لرومـا الأزقـّة ِ والأطفال ِ
وصانعـي الجلود ِ
والوجبـات ِ الرخيصـة ْ ،
لشارع ” كافور ” الهـادئ
والخالي من المـارّة ْ
حيث يعتكف البرجوازيون ْ
وتتسـاقط أوراق ُ الخريف ِ
على الرصيـف المبتـلّ ْ ،
لكنيسـة ِ ” سان بيترو ”
لنافورتـها القاتمـة ْ
وتماثيلها المائـة
وقبتهـا العاليـة
حيث يراقب السائحـون َ
بليرات ٍ قليلة ٍ
حدائـق َ البابا ،
لهذه الشوارع المكتظّـة ِباللـذة ِ
والنبيـذ ِ
وشرائـح ِ الجامبون ِ
والتجوال ِ المرهق ْ ،
لهـذه الظهيرة الخرساء ْ …

مـاذا أقـول ؟

 

 

 

لأيــة ِ أشجـار ٍ نغـني ؟

كم صورة ٍ لليل ِ
تحدوها المسافة ُ
والصليل ْ ؟
الريح ُ تنبئ ُ أن هذا الليل َ ومض ٌ
والشباك َ مفازة ٌ
والأرض َ أمزجة ٌ
فيافي زوّجت أبناءها للريح ِ
صخر ٌ
يرقب ُ الأحفاد َ
سنبلة ٌ
تفاجئ طائر َ الفجر ِ الجميل ْ
والليل ُ يجري
في عروق ِ الصخر ِ
هل دمنا الذي يعدو
وتزحمـه الوعول ُ
أم الفصول ُ تئـّن ُ
تهدأ ُ
تستقر ّ
ونحن أيتام الفصول ْ ؟
كم صورة ٍ لليل ِتبعث ُ وردة َ المعنى
فتبهجنا الأغاني
حيثما كنّا يكون الماء ُُ
تأخذنا الحدائق ُ والصحارى
حيثما كنّا
تكون الشمس ُ حادية ً
ونحن الأمتعـة ْ
من قال أن سلالة َ المنفى تغيب ُ
وتختفي في الزوبعة ْ ؟
أسلافنا شجن ٌ
على الأوراق ِ
تنقيط ٌ على الألواح ِ
بالعربية ِ الفصحى
هو المنفى
ولكن ّ المنافي
والحنين َ
طفولة ٌ لليل ِ
والبحر ِ الجميل ْ

             ( 2 )

كم صورة ٍ للأرض ِ ..؟
كلُّ طفولة الشطآن ِ لا تكفي
لأغفر دمعنا
في مهمه ِ التاريخ ِ
كلُّ سنابل ِ الصحراء ِ لا تكفي
لأغفر َ جوعنا في أغنيات ِ البحر ِ
هل دمنا الذي يعدو
أم الأرض ُ استحالت ومضة ً
والموت ُ بابا ً
والطفولة ُ زوبعة ْ ؟
لا تغفروا للبحر ِ والصحراء ِ
كل ُّ سفائن القتلى تمر ّ ُ
حصادُنا سفـر ٌ
قصائدُنا عويل ْ
سنغيّـر الأشياء َ حتى آخر الأقمار ِ
لا قمـر ٌ سوى دمنا
ولا وطن ٌ
سوى هذا الصليل ْ
كم صورة ٍ لليل ِ ؟
قولوا صورة ٌ أو صورتان ِ
سيصدق الشعراء ’
لو لمسوا سماء َ الله ِ
لو ذابوا
كماء ِ النهر ِ
في شفق ِ الطفولة ِعاشقين ْ

 

             ( 3 )

 

عدنا
حمولتُنا بلا مأوى
هناك شباكنا في الماء ِ
ساهـرة ٌ
ولا تحمل ْ سوى أحبابنا
قتلى
لا تغفروا لليل ِ والمنفى
لا تغفروا
للصوت ِ والمعنى
ترجّلنا
وزوجنا لأغنية ٍ غرابا ً
لم تكن وجها ً لنا
( كل الجهات ِ خواصر ٌ
كل النجوم ِ عرائس ٌ ..)
كذب ٌ
وصوتي شاهد ٌ
لا سنبل ٌ إلاّ وفوق هشيمه ِ
دمعي
لا صورة ٌ إلاّ
وتحت جدارها جسدي
فلتسألوا الأحياء َ عن جذر ٍ
عن الأسلاف ِ
كيف تمزقوا في دفتر ِ الذكرى
سنسأل ُ ما تكون
قيامة الرؤيا
هي صورة ٌ أو صورتان ِ
وثم ثالثة ٌ
ونبصق ُ مرّة ً أخرى
على هذي المقاعد ِ
والسجاجيد ِ الأنيقة ِ
نحن غيم ٌ صاعد ٌ للأرض ِ
أمزجة ٌ
تعيد الخلق َ طينا ً
مرّة ً أخرى 

 

             ( 4 )

الليل ُ يجري في عروق ِ الصخر ِ
من يشهد لطير ٍ
يستعيد ُ قيامة َ الطير ِ ؟
لحديقة ٍ تمضي وراء خضارها
في وحشة ِ العمر ِ ؟
لسفائن ٍ تأتي
تجر ّ وراءها صفصافة َ البحر ِ ؟
هو لغزنا العاصي على الحكماء ِ
داروا حوله ُ
ورموه في جب ٍ على طرق ِ القوافل ِ
وادّعوا
أن الطيور َ خرافة ٌ
والأغنيات ِ متاهة ٌ
يا بحر ُ
يا صحراء ُ
هل عرفوا
بأن دماءنا طرق ٌ
وأبناء َ اليتامى زوبعة ْ ؟
دمنا الذي يعدو
وتزحمه الوعول ُ كأنما
نزلت به ِ سور ٌ
وتاه الخلق ُ
وانتبهوا لصوت ِ الواقعة ْ
من نحن ؟
صلصال ُ الشعوب ِ
وملحها
لسنا هنالك أو هنا
حتى نحاصر ُ في شقوق ِ الأنظمة ْ
لسنا على ورق ِ الجرائد ِ
كي نموت َ
مع انقطاع الكهرباء ِ
وشحّة ِ البترول ِ
في هذي الفيافي المظلمة ْ
نحن الجذور ُتزوّجت ْ كل المواسم ِ
نحن آيات ٌ
ترتلها الفصول ُ
فكل ّ فصل ٍ ملحمـة ْ .

 

           ناجي العلي

 

أنت َ خلَّيتني في اللغات ِ جميلا ً
أنت َ خلَّيتني
ومضيت َ
أليس قليلا ً إذا ما انزوى الموت ُ عنا
أليس قليلا ؟
أيها المدهش ُ المتجاهل ُ أن لنا موعدا ً
في التقاويم ِ
أبسط َ ممّا اجترحت َ
لماذا تغيّر َ كوني
وتطلع َ مثل مناخ ٍجديد ٍعلى الأرض ِ
تمحو
وتمحو
وتوجز حتى يصير المقدّس ُ
جرحا ً طويلا ؟
أنت خلَّيتني في العراء ِ وحيدا ً
وسمّيت َ
حتى تخيّلت ُ أرضا ً سوى الأرض ِ
شعبا ً سوى الشعب ِ
حتى تعدّدت ُمثلك َ
عدت ُ جميلا ًكما لم أكن ْ
ذات يوم ٍ جميلا ..

 

يا ندى البسطاء ِ
ولون َ البلاد ِ البعيدة ِ
والنار ِ
وهي تقاوم جيلا ً فجيلا
أيها الأبيض ُ المطلق ُ المستثار ُ
إذا ارتبك العارفون
وأضحى الرماديُّ
عصرا ً طويلا
أيها الغجريُّ الذي طاردته القبائل ُباسم ِ الأفولِ
فهيّأ فجرا ً لنا
وأصيلا
أيها الغجريُّ الذي لم تكن قبله لغة ٌ للجمال ِ
ولا لغة  للبهاء ِ
وكان اختلاط ٌ
على مسرح ِ الكائنات ِ
يسيّد ُ ضبعا ً
ويرفع ُ فيلا
وحدك َ الآن في قفص ِ الكائنات ِ
تراقب ُ عصرا ً
ذليلا
وحدك َ الآن تفضح كذب َ الرواة ِ
وتغري بعصر ِ المسوخ ِ الحجارة َ
والمستحيلا
كنت َ حلما ً
وواصلت َ حلمك َ حتى نهايته ِ
قاتلا ً أو قتيلا
لم تصل ْ ..
كيف لي أن أكون ُ شهيدا ً
وحيدا ً
على بذرة ٍ
تستقرُّ بها أمة ٌ
وضمير ٍ
يودّع ُ جيلا ويبعث ُ جيلا ؟

 

البرابرة على الساحل الفلسطيني

 

سنواتهم تمضي                                            
وهم يتجوّلون على الشواطيء 
خائفين 
عيونهم للبحـر 
تسكنهم مخاوفُ دون أشكالٍ؛ 
نسـاءٌ للتمطّي 
برجوازيون للعطلات 
أطفال 
صيارفـة 
جنـودٌ للمذابح 
والحراسـة 
منذ أن وطأوا الشواطيءَ والبيوتْ 

                    

فاتحة للمخيم (1)

لم نعرفكَ أيها العذابْ
أيها الأمهاتُ
أيها القرى
أيها الأطفالُ
لم نعرفكَ أيها الفلاح
يا صانعَ الأسرّةِ
والجرارْ
لم نعرفكَ أيها الصيادُ الذهبيُّ
وأنتَ تطارد أيامكَ
في قاعِ البحرِ
لم نعرفكَ أيها النساجُ الغامض
أيها العشاقُ في أقبيةِ المنسيين
أيها الذاهبونَ إلى الموتِ
ايتها الأمسياتْ
حين تتسع الأرضُ والرئةْ
ونطلّ على بيوتنا
مستروحينَ
دخانَ القرى 

رنـّةَ الأجراسِ لم نسمعْ
ولا نحيبَ موتانا
ولا رقصاتِ الأجداد والأخواتْ
لم نتذوق أن يكون لنا أهلٌ
وبيتٌ وأغنيةْ

معذرةً أيها العذاب الشاسعْ
يا إلهَ العالم الثالثْ
معذرةً أيها الأطفالْ
يامن صرتمو طيناً
أيتها الأمهاتُ المصنوعاتُ من زنجبيلٍ وقرفةٍ
وأساطيرْ
أيها الآباءُ الضائعون في غسقِ القرنِ الماضي
بين حروبِ الأتراكِ
ونزاع العائلات البدويةْ
معذرةً أيها الوطنُ المسحورُ بأيدي الشعراءِ
غزالاً أو غيماً
معذرةً أيتها الخضرةْ
أيها الدمُ
ياكل ّ الألوان المفقودةْ
في أشجارِ طفولتنا 

 

فاتحة للمخيم (2)

نحن المخطوفونَ من الألوانِ
نحاول أن نبدأْ
نحن المنسيونَ
نحاول أن نخرجْ
من قاع ِ طفولتنا
نتسلقُ مثل الخضرةِ
جدرانَ الطبقاتِ
نطلُّ عليكم
من مقبرةِ الشهداءِ الممنوعين من التجوالِ
نجيء إليكم أنهاراً
ودماءً
ولغاتْ
هيّا أيتها العزلةُ ولنخرجْ
من كل ّ الأسماءِ
إلينا وعلينا
هيّا أيتها الأبياتُ الحمقاءْ
من يزرع يخرجْ ذهبياً كالقمحِ
ومن يتوغل في الغابةِ
يرجع وعلاً
فلماذا يخرج شعبي
ألفاظاً وهباءً
من ألفاظِ الشعراءْ؟
ولماذا يتحوّلُ شعبي مزرعةً
للأوغادْ؟
لماذا
يا نارُ فلسطين المنسيةْ
يا نارُ فلسطين البرّيةْ
يا عمرَ الشهداءِ المغمورينَ
لماذا
تفنى الأشياءُ
الأطفالُ
الأشجارُ
ولا يبقى إلاّ وجهُ اللاتِ
وتجارُ قريشٍ
في كل المنعطفاتْ؟

هيّـا أيتها الموجةْ
ولينحسر الطوفانُ
ويبدأ تكوينُ الأشياءْ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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