Cinq poèmes

Par | 19 mars 2016|Catégories : Blog|

 

mer­ry-go-round

 

 

 

par­don je répondais
à une jeune femme
au téléphone
je notais son adresse,
en même temps que la tonalité
de sa voix
vengeresse
vaporeuse
telle une branche d’arbre
détachée de tout
humide
qui frappe pour­tant des vis­ages dans la nuit

un automa­tisme me portrait
vers elle
en pom­meau de canne
prêt à vers­er sur son ven­tre des solu­tions salines
je la voulais pour mon jeu de cartes
prêt à don­ner de ma personne
prêt à lui réciter les con­signes d’évacuation
les instruc­tions de secours
en lui léchant le pavillon

je lui fai­sais des signes der­rière la vit­re de la cabine
la dernière cab­ine télé­phonique avant la fin du monde
qui ne ser­vait plus qu’à nos jeux
le jeu de change-époque
on se cri­ait ce verbe nuo­vo qui sig­nifi­ait « rester dans le bruit
à ne plus faire que des promesses »
aux bras nus en déséquilibre

je voy­ais à tra­vers le tableau de bord
pass­er les vitesses ultimes de la fièvre
avant même d’avoir mis la main
sur le velours, la panne, la paume
les étoiles s’allumaient une à une
avec fiasco
fusion­nant l’envers et l’endroit

sa voix con­tin­u­ait de grésiller dans le combiné
« est-ce toi qui a mis les beaux draps dans la pénombre ? »
j’avais pour elle un bijou en broche une forme de flèche
trou­vé dans une bro­cante du six­ième district
afin qu’elle l’accroche à hau­teur de son sexe
pour l’amour émet­tre sans interférences

j’avais envie de négligés-froissés
face au réel ses embardées un peu trop esthétiques
le silence m’échappait depuis la cab­ine de verre fêlée
réson­nait dans ma tête sans cesse le mot Élasthane
comme le nom invo­qué d’un Dieu inattendu

j’étais pris dans une colère parallèle
laque­lle de l’autre côté de la planète était jouée aux dés
par un dément du pok­er-face enrichi de mes dépits
réduisant à distance
ma peau
à un cha­grin sans valeur

il fai­sait de plus en plus froid
car la ten­dresse avait été brevetée
je restais fasciné par son plumage
il m’aurait suf­fi d’en arracher l’étiquette
pour y trou­ver le code
mais j’étais attiré comme un insecte
vers les mag­a­sins d’ors
j’y revoy­ais la scène où s’enfonce
l’agrume sur le vis­age de l’actrice
maquil­lage écrasé
mon œil, sans cesse attiré par les couleurs
la voix de la jeune femme
à tra­vers des cubes de glace
(aux bor­ds des lèvres ces gouttes cristallines)
artic­u­lait le mot « belowed »
c’était une amoureuse très contemporaine
je devais répon­dre à son appel
qui sig­nifi­ait au-secours
dans la langue-interne du volatil

128657 per­son­nes con­nec­tées à la terre
ici-maintenant
et elle nous moi je
l’ai talonnée
jusque chez moi
guidé par le roule­ment labile de ses hanches
pour gag­n­er du temps elle savait
où je logeais quel étage quelles vaines vanités
et avait la clé
éphémère
du local platonique
où tout n’était plus que remous
à suivre

 

 

 

 

 

***

 

 

 

 

 

poème décep­tif /1
(exul­toire)

 

 

 

-esthé­tique du sèche-cheveux
‑j’en ai frois­sé, des let­tres d’amour
‑la con­fi­ance aveu­gle des moteurs
‑vérité du papier-peint
‑pressé, un klaxon
‑beauté qua­si dis­parue des boucheries
‑forme par­faite des précipices
‑le faux feulait
‑impos­si­bil­ité de fix­er l’étincelle
‑un équiv­a­lent aux télé­grammes et aux soupirs
‑bruit du bijou qui racle la surface
‑j’ai passé le por­tique en sonnant
‑edward g. robin­son s’endort sur le fau­teuil du club
‑les images oui au frais dans le frigo
‑couloir d’hôtel foutoir honnête
‑je m’expose sous la lumière électrique
‑une leçon de cosmétiques
‑je con­nais par coeur l’oubli
‑la vie des dessous, le vide des bureaux
‑trop tard pour les sirènes
‑c’est faux en sor­tant après le coin
‑j’ai lar­mé le vin d’opale
‑pas de mes­sage de nulle part en pleine nuit
‑une mar­que de bais­er qu’on ne trou­ve plus nulle part
‑unn filmm noirr
‑her­bier des pensées
‑la vérité sous le papier-peint
‑les enfants du manège ont grandi

 

 

 

 

 

***

 

 

 

 

 

boule­vard de dépit (rue du départ)

 

 

 

amer mais j’ai mor­du dans rien
tout le monde était de sor­tie sans moi
et pour­tant les rues que je pre­nais restaient obstiné­ment vides
et mes chaus­sures ne fai­saient aucun bruit sur le trottoir

j’ai fini par arriv­er sur le 105 boulevard
his­toire de voir les gens se parler
et cha­cun men­er son petit travelling

chev­erny excusez-moi monsieur
me dis­ait le serveur à chaque passage
car il oubli­ait sans cesse de me servir
il y a ceux qui sont et ceux qui ne sont pas

c’était cette petite mélan­col­ie détestable
d’un cœur qui hésite entre automne et printemps
et j’entendais sur la ter­rasse une femme répéter n fois le mot « erreur »
quand réson­nait sans cesse dans ma tête le mot « dépit »

pas­saient de grands cygnes en mode escarpins
des proies et des ombres
des lécheurs de glaces
des cos­tumes rayés genre « pas mal »

le garçon réc­i­tait le menu et ses variations
j’entendais un type par­ler de faux-départs
il me fai­sait penser à quelqu’un qu’il n’était pas
il y a ceux qui sont et ceux qui ne sont pas

j’imaginais qu’assez loin en face
dans ce grand immeu­ble d’un autre temps
un homme nous regar­dait der­rière sa haute fenêtre noire

pour­tant le spec­ta­cle se terminait
et je n’avais même pas envie d’achever le poème

 

 

 

 

 

***

 

 

 

 

 

poème super­réal­iste
 

 

 

des longues phrases
des cous de téléphones

on passe la journée à grumel­er ensem­ble, entre les grilles de la clim
à l’hôtel des araignées comme d’âpres majestés

« oh passe moi le ciel de novem­bre que je t’en fasse un puits à champagne »

elle me met la main sur le ven­tre à la video­drome et
j’éclate de rire
car « mais il n’y a aucune épaisseur! »!

plus tard on descend à la phar­ma­cie cen­trale, pour vol­er des cure-dents,
qu’on va fis­sa au musée
planter dans des picasso
pour qu’ils aient l’air plus vrais.

en ren­trant, j’achète des gro­seilles en promo
dans sa bouche, qu’on écrase, pour faire un sang joyeux liq­uide acide et sucré
et on se laisse tomber lour­de­ment sur le lit, comme ces objets dont on ne veut plus

 

 

 

 

 

***

 

 

 

 

phras­es autonomes
 

 

 

je m’étais endor­mi en regar­dant les yeux
une sorte d’attente sans objet
une attente A
et chaque soir par les airs m’arrivait tou­jours le même message
«dormez bien» ;

j’hésitais quant à
l’expéditrice
que j’appelais aus­si l’exécutante
mes­sage sim­ple mais dou­blé d’un mystère
qui était-elle, et que voulait-elle ? dire ?

«les reines adorent l’onde»,
une phrase dans un jour­nal que j’avais retenue
qui se sur­ex­po­sait à tout le reste
je n’en avais plus le con­texte, mais l’usage hasardeux
quand je ne savais quoi dire ;

il y avait des sens à manger de toutes parts
et je n’arrêtais pas de sor­tir les griffes ;
à chaque pas­sage pié­ton je me disais:
«je n’ai jamais vu de cerf»
mais trop de choses, der­rière leurs vit­rines, arrivent ou pas,
gélules à espoirs faibles dans des blisters ;

ces phras­es par­laient d’elles-mêmes, sans con­trôle, elles se dis­aient toutes seules
sans dates de phras­es d’achats
sans l’aide d’aucune bouche ni mode d’émoi

blush sans maîtrise
par l’air m’arrivait l’air d’un cerf qui respire
et des automa­tismes de sangs froids 

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Cinq poèmes

Par | 7 février 2016|Catégories : Blog|

 

 

Rêve
aux entrailles
du
            possible

après éblouisse­ment
recueillement

puis
écouter le silence
souverain

 

 

 

***

 

 

 

Voici venu l’hiver
où toutes forces

toutes joies et peines

hiv­er où dan­gers d’espérances

se replient au creux tiède
des pensers

hiv­er je t’attends

depuis toute une année
depuis toute une vie

en ton recueillement
ce qui doit être vu
sera vu

ce qui doit être dit
sera dit

ce qui doit être su
sera appris

 

 

 

***

 

 

 

J’ai vu sur le ciel d’azur
lumineux et clair
d’un très beau soir d’hiver
les arbres aux branch­es nues
écrire vos lignes de cœur
tan­dis qu’en cet instant
à vous
mes prières verticales
            avenue des platanes
            où cou­rut mon enfance

 

 

 

***

 

 

 

Tou­jours ce regard très
perçant et très pur
ouvri­rait la porte des
                       destins
s’y fon­dre à jamais
plus léger qu’espérance

les chants de la
                         Terre
por­tent haut l’horizon
                      d’une vie
loin du bruit dérisoire

 

 

 

***

 

 

 

Hiv­er
recueille­ment des saisons
rev­enues à la terre
recueille­ment de l’âme
ren­due à l’essentiel

Hiv­er
chantre
de l’Eternel Retour

Entre tes racines
endormies
la Vie

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CINQ POEMES

Par | 13 juillet 2014|Catégories : Blog|

 

*

-con­ver­sa­tion-

 

 

 tu pen­sais  à la démoc­ra­tie des désirs
‑ou peut-être des envies-
celle qui est terre à terre
qui n’élève pas et nous place tous
sur les rayons du bas
‑tous plus proches de la poussière-
Des choses qui touchent à la dimen­sion des héros,
puis dérail­lent dans une sim­ple répétition
d’ évène­ments  séraphiques…
Mais c’est  –dis-je–  le train-train quotidien,
le chif­fon de papi­er des gestes, l’acquisition
de par­celles significatives,
la famil­iar­ité léni­tive du tangible.
C’est cela, je sup­pose… quand on aspire
à la sim­plic­ité du moment, l’illusion
du tous égaux, le rêve qui se répète.
A quoi bon désir­er ? exis­ter ? quand expire
cette pres­sion sur l’accélérateur ?
où chercher notre iden­tité, en nous ?
Si tout passe plus vite
la vie ne se mange pas…
         Tu te regardes les doigts : on dirait le reflet
l’énumération infan­tile du peu que l’on possède,
la sup­pu­ta­tion de cer­tains nœuds …

 

                                                        Tra­duc­tion de l’italien de Ray­mond Farina

 

 

*

- con­ver­sazione –

 

pen­savi alla democrazia dei desideri
— o forse delle voglie – :
quel ché di ter­ra terra
che non ele­va e ci pone tutti
sug­li scaf­fali ai piani bassi
— tut­ti più vici­ni alla polvere – ,
cose che attin­gono la dimen­sione degli eroi,
poi deragliano in una sem­plice ripetizione
di even­ti serafici…
Ma è roba – dico – di tut­ti i giorni,
la car­ta strac­cia dei gesti, l’acquisto
di par­celle significative,
la domes­tichez­za leni­ti­va del tangibile.
E’ questo, sup­pon­go…  aspirando
alla sem­plic­ità dell’ora, l’illusione
del tut­ti uguali, il sog­no che si replica.
Ci serve desider­are? essere? quan­do espira
questo pre­mere sull’acceleratore?
dove il riconosci­men­to di noi, in noi?
Se tut­to scorre più svelto
la vita non si mangia…
Ti guar­di le dita: sem­bra riflettendo
enu­mer­azione infan­tile di pochi averi,
il com­puto di cer­ti nodi…

 

 

 

*

(des trop nom­breux rac­cour­cis que j’ai pris)

 

des trop nom­breux rac­cour­cis que j’ai pris
restent des sil­lages, des sen­tiers qui s’effacent
comme des espaces que le maquis reprend.
c’étaient  des  pen­sées faciles, des campements
de petits loisirs, réfractaires
aux analy­ses  impitoyables.
c’étaient  des plaisirs, des ajournements
d’engagements avec  soi-même,
des agen­da oubliés ailleurs.
avec quelles igno­minieuses raisons
je les clas­sais par­mi les choses à faire.
je croy­ais être un
mais je partageais un destin.
ce n’était pas facile, rien de merveilleux
dans la façon dont ça s’est passé.
les sil­lages, les traces reviennent
comme des cer­cles sur l’eau.
quelques déchets modestes
bat­tent l’herbe des bords.
c’est pourquoi je le dis,
à quiconque pour­rait-être intéressé…

 

                                                          Tra­duc­tion de l’italien de Ray­mond Farina

 

 

*

(di molte scor­ci­a­toie che ho pre­so)

 

di molte scor­ci­a­toie che ho preso
riman­gono scie, sen­tieri che scompaiono
come spazi che la mac­chia riconquista.
era­no agevoli pen­sieri, accampamenti
di pic­coli ozi, refrattari
ad impi­etose analisi.
era­no piac­eri, aggiornamenti
d’impegni con se stessi,
agende dimen­ti­cate altrove.
con quale igno­min­iosa ragione
li cat­a­lo­ga­vo tra le cose da fare.
cre­de­vo di essere uno
ma divide­vo un destino.
non era facile. nes­suna meraviglia
su come è andata.
le scie, le trac­ce ritornano
come cer­chi nell’acqua.
qualche modesto rifiuto
bat­te alle sponde erbose.
per­ciò lo dico,
a chi­unque pos­sa interessare…

 

 

*

(les voix une réduction)

 

les voix une réduction
la frag­men­ta­tion du son
comme une pro­preté de mots,
cel­lules d’œuf  aux mem­branes  tendues
et l’air, aspiré et per­du dans les gorges,
sim­ple vibra­tion de la pensée…
elles arrivent, elles arrivent  et parvi­en­nent à l’oreille
sans omis­sions, elles occupent
un espace d’ondes concentriques
comme des petits bal­lons au plafond,
sons invités à aucune fête,
nés pour être dits ou tus,
morts nés.
par­mi elles il n’y a pas celle-là,
ni syl­labe ni phonème, celle
de la réponse et du refus,
qui  babille, fasse un clin d’œil, reconnaisse
l’idée et le désir d’alors.
les pies dehors rient.
le gris le bleu
la rugosité des murs
est une réal­ité différente. 

 

                                                         Tra­duc­tion de l’italien de Ray­mond Farina

 

*

(le voci una riduzione)

 

le voci una riduzione,
il fram­men­tar­si del suono
come una pulizia delle parole,
cel­lule d’uovo tese alle membrane
e l’aria, aspi­ra­ta e per­sa in gole,
sem­plice vibrazione del pensiero…
arrivano, arrivano e giun­gono all’orecchio
sen­za omis­sioni, occupano
uno spazio con­cen­tri­co di onde
come pal­lonci­ni al soffitto,
suoni non invi­tati a nes­suna festa
per­cuotono una cam­pana sorda,
nati per essere det­ti o taciuti,
nati morti.
tra esse non c’è quella,
né sil­l­a­ba né fone­ma, quella
del­la rispos­ta o del rifiuto,
che lal­li, ammic­chi, riconosca
l’idea e il deside­rio che c’era.
fuori le gazze ridono.
il gri­gio l’azzurro
la ruvidez­za dei muri
è una realtà diversa.

 

 

*

(Dans la sere­ine dis­po­si­tion des choses)

 

Dans la sere­ine dis­po­si­tion des choses,
objets qui trou­vent place
dans notre vie,
objets par­ents, icônes d’une parfaite
con­jonc­ture, d’un soir d’anniversaire,
une année passée comme à la hâte…
Rumeurs, dehors, dis­tantes au point
que le monde paraît inexistant,
fait de paroles déshydratées,
tech­nique, chaos, entropie des média. 
Sa présence est faite
de pro­jets sans suite et de rêves,
terre de tran­si­tion entre jeunesse et lendemains.
Les lende­mains  ne nous réser­vent pas des jouets.
S’ils se désis­tent c’est pour que l’on reprenne pied
par amour ou  espoir.
Ici le vin ne perd pas son éclat.
Ici la chaleur hiver­nale et les vitres
embuées et le soir.
C’est seule­ment demain que nous apprécierons ces choses,
chemis­es dans une armoire, agneau au four,
retour d’un enfant à la maison.
Voilà pourquoi je joue de la flûte de Pan
avec une recon­nais­sance justifiée.

 

                                                           Tra­duc­tion de l’italien de Ray­mond Farina

 

 

*

(Nel­la ser­e­na dis­po­sizione delle cose)

 

Nel­la ser­e­na dis­po­sizione delle cose,
ogget­ti  che trovano collocazione 
nel­la nos­tra vita,
ogget­ti  par­en­ti, icône di una perfetta 
con­giun­tu­ra, d’una sera d’anniversario,
un anno pas­sato cosi in fretta…
Rumori, fuori, cosi distanti
che il mon­do appare inesistente,
fat­to di parole disidratate,
tec­ni­ca, babele, entropia dei media.
La sua pre­sen­za è fatta
di prog­et­ti inevasi  e sogni,
ter­ra di tran­sizione tra gioven­tù e domani.
Il domani non ris­er­va giocattoli.
Se recede è per­chè ripren­di­amo il controllo
per amore o speranza.
Qui il vino non perde la sua lucentezza.
Qui il calore inver­nale e i vetri
appan­nati e la sera.
Solo domani tro­ver­e­mo feli­ci queste cose,
cam­i­cie in un arma­dio, agnel­lo in forno,
ritorno a casa d’un ragazzo.
Per­ciò suono il flau­to pànico
di un moti­va­ta riconoscenza.

 

 

 

*

(Tu peux même commencer)

 

tu peux même commencer
avec un phrasé inutile
si cela te fait plaisir.
T’échauffer la langue 
con­tre un silence rêche
de tables, de mots,
de domi­nos noirs. Allonger
les jambes les articulations
de ta pen­sée, te cacher
les paupières.
Tu peux faire de ton souf­fle des  volutes 
bruire de pages expressives
dans tes rides.
                 Puis
ce qui compte c’est de tomber
dans le morti­er des sensations
dans des débris de nuits infinis
et des douleurs aux doigts ser­rés con­tre les yeux.
De toutes les conversations
de toutes les conversions
reste un brouillon. 
Mais dans ce vertige
ce mortier
le dernier mot n’avait pas d’importance :
(des étoiles glis­saient sur la voûte
assom­mées, et l’aube
réper­toire sur les paupières
lumière sur les murs)
elles étaient plutôt des abjurations. 

 

                                                            Tra­duc­tion de l’italien de Ray­mond Farina

 

 

*

(puoi anche iniziare)

 

puoi anche iniziare
con un fraseg­gio inutile,
se ti fa piacere.
Scal­dare la lingua
con­tro un tacere ruvido
di tavoli, parole,
dòmi­ni neri. Allungare
le gambe le articolazioni
del pen­sare, nascondere
le palpebre.
Puoi gener­are volute di respiro
frus­cia­re di pagine espressive
nelle rughe.
Poi
quel­lo che con­ta è precipitare
nel mor­taio del senso
nel fran­tumìo di infi­nite notti
e dolori alle dita strette agli occhi.
Di tutte le conversazioni,
di tutte le conversioni
res­ta copia.
Ma in quel­la vertigine
quel mortaio
non impor­ta­va l’ultima parola:
(stelle slit­ta­vano sul­la volta
tramor­tite, e l’alba
reper­to­rio alle palpebre
luce alle pareti)
era­no invece abiure.

 

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