Je n’en peux plus n’en peux plus n’en peux plus

chaque mot déclenche en moi des images :
lab­o­ra­toires clin­iques boucheries – les antichambres
qui mènent à la morgue municipale

Je n’en peux plus de l’abattoir de mon cerveau :
blessures sang trans­fu­sions sutures mem­bres refroidis
bras amputés aban­don­nés sur les tables
tumeurs graisseuses
Mes yeux morts me regar­dent depuis le petit plateau à organes

Je n’en peux plus jour après jour nuit après nuit
de mon corps comestible
dans cette odeur que répand la maladie

Tes mots d’amour déclenchent des hémoptysies
Ô. Je vois le spec­ta­cle du sang
révolté con­tre sa prison souterraine
la nuit je rêve d’hémorragies
de l’hémoglobine étincelante
et épaisse comme la crème chantilly
comme la mousse de fruits

Je n’en peux plus des fram­bois­es mûres des neiges pourpres
Mon cerveau qui abrite des abattoirs
je le pose, sous forme d’aspic, sur des plateaux en porcelaine

Je n’en peux plus
du sang du goût rouge et douceâtre de fruit
de mon corps rongé pris dans ce piège

 

 

Bio­bib­li­ogra­phie et tra­duc­tion © Lin­da Maria Baros

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