Quand je l’ai aban­don­née au milieu des années 2000, j’ai écrit un texte d’explica©tion :
ce texte est tou­jours inachevé : un (ou +) post scrip­tum s’y ajoute à chaque sai­son (ou presque)
Voilà où il en est à ce jour (31.08.12) :

Introda©tion

C’est à par­tir de ce texte ou
en rap­port avec ce texte ou
en oppo­si­tion à ce texte (ci-dessous)
que le plus impor­tant courant de la poésie con­tem­po­raine s’est positionné,
que ce soient les poètes de la pre­mière généra­tion encore forte­ment impliqués selon les avant-gardes his­toriques (futur­isme, dada, cobra ou fluxus) : poésie con­crète, poésie visuelle ou poésie sonore ;
puis ceux de la généra­tion suiv­ante qui dévelop­pèrent leur poésie par l’articulation aus­si bien celle des voix que celle des corps (hap­pen­ing, poésie élé­men­taire, poésie action) qui amèneront la poésie essen­tielle de la fin du XXe siè­cle et du début du troisième mil­lé­naire : la performance 
Enfin ceux de la nou­velle généra­tion qui restent dans leur corps et qui dis­ent par la bouche et écrivent par leur langue ou celles et ceux qui ont pro­longé leurs vieilles pro­thès­es, mag­né­to­phone et micro­phone par les ordi­na­teurs et les nou­veaux out­ils électroniques.

La per­for­mance*

C’est un corps
dans un espace
et c’est un son
dans un corps,
ce son est celui de mon corps
ou celui de cet espace,
c’est un son de nature :
voix, viande, &c.
ou un son d’artifice :
musique, bruits, &c.
Puis c’est un geste
du corps
et un mouvement
de cet espace
et com­ment jouent ensemble
le geste du corps
et le mou­ve­ment de l’espace.
Le mou­ve­ment de l’espace
est pro­pre­ment celui de l’espace
mais aus­si du peu­ple de cet espace :
du public.
Là, tout va bouger :
le corps,
l’espace,
le son,
le geste…
Et la rencontre
sera
ou s’évaporera.
Là, aux entre­pôts frigorifiques,
sous les voûtes
dans cet espace
en bord de Seine
aux fron­tières d’une friche industrielle
qui sera une uni­ver­sité parisienne
(l’université Denis-Diderot)
la ren­con­tre s’est établie…
Quant à l’enseignement :
l’université future
ne pour­ra jamais faire mieux.
————————————————–
octo­bre 2002

*Post-Scrip­tum
c’est un art désespéré

P.S. no 2
Si je dis « à ce jour », c’est comme s’il y avait une lueur d’espoir, or l’obscurité est totale.
Néan­moins, « à ce jour », toute révolte contre
l’injustice comme tout com­bat pour la jus­tice – ce qui n’est pas la même chose –, celle des hommes, celle qui fait la dif­férence avec la bar­barie des ani­maux domes­tiques, ont été un échec. L’administration améri­caine made in USA (hérédi­taire et désor­mais truquée) et l’administration russe made in URSS (mais oui ! mon pote Pou­tine ! en URSS !)
règnent
règ­nent sur le monde
aidées par leurs chiens et leurs faucons
deux bêtes faciles à apprivoiser.
print­emps 2003

P.S. no 3
En ce début de millénaire
la per­for­mance est guet­tée par 4 dangers :
1/ le gag trop intelligent
2/ le gag trop idiot
3/ la saynète théâtrale
4/ le mono­logue pour cabaret à touristes
1 risque :
1/ la longueur
et 2 réalités :
1/ les cri­tiques hors média et hors style s’emparent, désor­mais, de cette dis­ci­pline et, hors de cette cul­ture, la définis­sent néan­moins (en tant qu’ingénieurs d’un appareil cri­tique d’une machine hors circuit)
2/ ceux qui pra­tiquent ça parce que ce serait être à la mode…
et 5 con
tenus néfastes
1/ l’engage
ment
sim­pliste et altruiste
2/ le sexuelle
ment
nu ou opaque
3/ les sym­bol­iques et les ri
tu
els
pisse de chat et caca-boudin
4/ la mise en scène de l’antipathie spon­tanée et
rad­i­cale des artistes entre-deux (entre deux âges, entre deux styles, entre deux &c.) à l’égard des autres artistes (jeunes et vieux, physiques ou
tech­nologiques, &c.)
5/ le retour au hap­pen­ing, gutaï et autres spec­ta­cles avec par­tic­i­pa­tion oblig­a­toire du public.

P.S. no 4
En ce début de millénaire
la per­for­mance est partout avec le théâtre, la danse, la musique, les arts plastiques
et c’est tant mieux…
Mais elle est aus­si enseignée dans les Écoles d’Art
et là c’est tant pis.
Pau­vres écol­iers qui se retrou­vent face à des jeunes femmes ou des jeunes hommes voire des vieilles femmes et des vieux hommes qui sont loin de leur corps et de leurs actes, loin de leur vie et de leur désir, loin du risque et du plaisir, loin de la haine, de la révolte et de l’amour, et qui con­duisent ces écol­iers de col­lo­ques en sémi­naires sur les
autoroutes du savoir mort.

P.S. no 5
En ce début de millénaire,
moi,
après 42 ans passés à en faire (des perfs c. à d. des poëmes en chair et en os) j’arrête, j’arrêterai fin 2004. Je vous dirai et je vous dis : ça com­mence à Mar­seille à la Friche de la Belle-de-Mai le 18 novem­bre 2004.
Après, je me plan­querai dans les résidus : livres, dis­ques, films, expos et autres traces ordurières.

P.S. no 6
Finalement,
je fais des expositions
pour pub­li­er des livres :
des livres,
pas des catalogues.
Le livre dans l’espace
donne
le livre dans le livre.
Et après je peux lire
le livre,
le lire de tout mon corps,
en chair et en os…
print­emps — été — automne — hiv­er 2003

P.S. no 7
Désor­mais, mon corps n’est plus à la mesure de mon ambition…

P.S. no 8
À part Balint Szom­bat­hy qui, bien que plus jeune, fait plus vieux que moi, j’étais le ben­jamin de la fournée de l’E.P.I. Zen­trum Der Lange Atem
(Zbig­niew Warpe­chows­ki et Jerzy Beres de Pologne, Janet Hau­fler de Suisse, Sten Han­son de Suède, Balint et moi), ren­con­tre à l’initiative de Boris Nieslony…
Alors oui ! Je me suis dit : « Oui ! Je pour­rais, comme eux, comme elle, con­tin­uer à per­former, mon­tr­er mes rides et mes plis, mon souf­fle court et mes mus­cles flasques, ma peau flétrie et mes poils blancs et nos infirmités
(com­ment écrivais-je « ça », jadis, dans mes Bimots ? :
Poumons / goudron­nés — Car­ti­lages / décon­jugués — Reins / ens­ablés — Foie /engorgé — Vais­seaux / encrassés — Peaux / rides — cheveux / blancs — Poils / gris — Mus­cles / douleurs ‑Vis­cères / douleurs — Squelette / douleurs — Cervelle / mémoire)
La vieil­lesse est déjà une per­for­mance si elle est
exhi­bi­tion­niste. Mais c’est une perf, à par­tir d’un âge cer­tain, à la portée de tous.
J’ai vu Isou en slip Kan­gourou, Esther enruban­née de scotch trans­par­ent, et la grosse et vieille queue de Jerzy peinte aux couleurs de la Pologne, et moi, en ai-je assez fait, nu, des « Appels au linge » ! L’ange et L’un seul ou le lange et le linceul…
Donc, désor­mais je resterai vêtu, et assis, calme, der­rière une table, pour lire clair, sobre, digne (à la rigueur : debout), vrai.
Le texte, lui, sera à poil & au poil – c’est du moins mon souhait et ma volonté.
Je laisse à mes amis et à mes enne­mis, à mes chers infirmes plus ou moins dimin­ués, leurs textes dits, agités & datés.

P.S. no 9
J’ai été sou­vent ridicule et nor­male­ment grotesque de 1962 à 2004 (inclus)…

P.S. no 10
(le + & le — ) C’est bien, que j’arrête la perf.
(le poëme en chair&en os et à cor&à cri ) :
de 5 à 5 000 per­son­nes spec­ta­tri­ces-auditri­ces, je n’ai tou­jours qu’un pub­lic de 2 personnes :
l’une qui dit :
« Vous êtes obligé d’hurler tout le temps ?* »
et l’autre qui me con­firme que j’ai inven­té le poëme olfactif**.
——————–
* il vocif­ère, il faut s’y faire
** Ecfruiture
automne 2004

P.S. no 11
Voilà plus de quar­ante ans que je voy­age à tra­vers le monde pour voir du pays, ren­con­tr­er les gens, et je ne vis­ite que des auditoires.

P.S. no 12
Si j’étais sincère (vrai-ment), je dirais que j’arrête la perf aus­si, surtout, à cause du trac qui me brûle l’estomac et me lig­ote le cœur les jours qui précè­dent et me rend
insom­ni­aque la nuit d’avant.
automne 2005

P.S. no 13
Mil­i­tant, prêcheur, représen­tant, depuis 1962 j’ai dit et remué ma poésie tout autour du monde, j’ai agi devant des foules et des déserts.
Je voulais con­va­in­cre par la con­fronta­tion avec eux, avec elles, avec tous. Les met­tre en face de la poésie
en chair & en os et à cor & à cri.
Mais le monde est large, long, épais, dis­per­sé ; trop tra­ver­sé, trop desservi.
Et le mon­stre qui m’écoute, qui me voit n’a que deux oreilles mais mille langues : je renonce.
hiv­er 2005

P.S. no 14
Celui que j’ai oublié dans toutes les précé­dentes pub­li­ca­tions de cette note : élim­in­er de la per­for­mance « l’esprit potache » qui a pris nais­sance dans le livre de Georges Duhamel, Les copains, et que l’on voit sou­vent resur­gir chez les meilleurs d’entre nous.

P.S. no 15
(las ! : docte & magistral)
Éviter aus­si d’être l’un de ces artistes mis­érables qui rament toute une vie vers la célèbre-autre-rive‑d’en-face pour faire du sur-place. Soyez où vous êtes ou sachez où vous allez.t.
print­emps 2007

P.S. no 16
Pour mes déclara©tions je ne veux désor­mais, aucune béquille ni musi­cale ni électronique.

P.S. No 17
Pour le peu qui m’en reste, Eddy a changé ma vie, Eddy est un véni­tien qui a rejoint, jadis, sa chérie à Mar­seille. Sa mère tenait le café de la Gia­ri­na dès l’entrée de la Bien­nale et Eddy a gran­di – tous les deux ans – par­mi tous ces artistes biennalisés…
Il a repris le café restau­rant du mac ( musée d’art con­tem­po­rain de Mar­seille), c’est de famille !
Et après ma dernière presta©tion avec une sono dégueu­lasse, des ordi­na­teurs qui calent et écla­tent, des sons qui meurent, Eddy est venu vers moi :
“Tu as une présence géniale, tu es un artiste énorme : tu ne dois plus accepter de tra­vailler dans de telles con­di­tion avec du matériel pour­ri et des tech­ni­ciens incapables”
avec un déli­cieux relent d’accent ital­ien et de l’agréable flagorner­ie dans les adjec­tifs du propos.
Ma si ! Je ne tra­vaillerai plus dans des con­di­tions tech­niques mod­estes &/8 médiocres.
print­emps 2009

P.S. No 18
Écrire avec expres­sion, donc dire ou faire avec expres­sion et par con­séquent éviter ce qui est déjà a déjà été mieux écrit, mieux dit ou mieux fait aupar­a­vant avec une expres­sion par­faite­ment exprimée.
Exprimée à fond, sous toutes ces manifestations.
(expres­sion : locu­tion & démonstration)

P.S. No 19
J’ai dit :
“ Bye-bye la perf. “ et je m’y tiens.
Je n’ai pas dit :
“ Bye-bye les déclara©tions “
“ Bye-bye les con­certs et les improvisa©tions “
“ Bye-bye les expo­si­tions, les installa©tions et les dé monstra©tions “
“ Bye-bye les publica©tions “
Je suis désolé d’attrister ain­si celles&ceux ami(e)s chéri(e)s neufs ou mori­bonds qui pen­saient que j’avais dit :
“ Bye-bye à tout ! “
été 2009

P.S. No 20
La per­for­mance devient un art de cita­tions et encore la mécon­nais­sance ou la mais-con­nais­sance des inter­venants ne leur per­met pas de savoir ou d’affirmer qui ils citent !
Je suis vieux et trop con­nais­sant voire reconnaissant.

P.S. No 21
Le vieux nomade aspire désor­mais à une neuve séden­tar­ité… D’ailleurs où que j’aille, je ren­con­tre des amis que je con­nais déjà et qui me con­nais­sent aus­si – mieux que je ne les con­nais, sans doute – ou d’autres plus jeunes qui nous ressemblent…
automne 2009

P.S. No 22
Je ne lis plus, je feuil­lette parce que ce que je fais, c’est le fait d’écrire…

P.S. No 23
À 67 ans achevée, je vois bien que j’ai raté ma vie sportive !
Print­emps 2010

P.S. No 24
Aux ren­con­tres de per­form­ers, j’y vais sou­vent et j’y assiste en spectateur
ou en déclar­ac­tant et je m’y ennuie.
J’ai dû en faire chi­er plus d’un (+ d’1)

P.S. No 25
Tant que je ne vis pas mes 68 ans, je ne les ai pas.

P.S. No 26
ça ne vaut même pas le coup de se sui­cider : ça ne cha­grinerait et
n’in­téresserait personne.
print­emps 2010

P.S. No 27
Bye bye la perf. c’est bye bye la perf. : adieu à mes per­for­mances mais je suis
tou­jours vivant et il m’au­ra fal­lu 5 (cinq) ans pour que cet “adieu” soit enfin
réalisé !
vrai­ment efficace.
Il y a tou­jours eu quelqu’un ou quelqu’une à qui je n’ai pu refuser de m’y
remet­tre encore un coup…

P.S. No 28
Encore plus que les touristes et les esti­vants, les per­formeurs et performeuses
n’ont de cesse de pho­togra­phi­er et de se faire photographier

P.S. No 29
Peu m’importe l’appréciation des cri­tiques et des conservateurs,
des galeristes et des marchands et autres ani­ma­teurs culturels.
Je suis sur de mon fait.
été 2010

P.S. No 30
Mon tra­vail, c’est une ques­tion de vocabulaire :
Il m’aura fal­lu un demi siè­cle pour établir ce vocabulaire,
mon pro­pre vocab­u­laire fait de mots, de gestes et de choses.
Et c’est à par­tir de ces voca­bles, de ces mou­ve­ments, de ces choses, iden­tiques, fixés ;
Que j’ai pu établir divers­es phras­es et des com­po­si­tions variés.

P.S. No 31
Par exem­ple (par­mi trop d’exemples) : avec la poésie sonore on a ouvert une porte
sur une grande salle rem­plie de sales cons
en train d’élaborer leurs con­ner­ies au milieu de leurs fils, fich­es et boites à trous…

P.S. No 32
Je ne suis qu’un hum­ble maître d’école de Cours élé­men­taire qui essaie de vous appren­dre à lire.

P.S. No 33
Aurais-je pu être ça, ça que je suis et ça que je fais si j’avais été sédentaire ?
automne 2010

P.S. No 34
Un demi siè­cle d’essais ne font pas une réussite :
dans l’écriture, dans la poésie, dans l’installa©tion, dans la monstra©tion, dans la per­for­mance, j’ai tout essayé
et je continue !
mais
un demi siè­cle d’essais ne font pas une réussite.

P.S. No 35
Nous sommes si peu à exis­ter que je ne cesse de me deman­der pourquoi, pour qui, nous faisons encore
ou plus sim­ple­ment, pourquoi, pour qui nous con­tin­uons à vivre ?

P.S. N° 36
Depuis que j’ai arrêté mes perf.s on ne cesse de m’inviter pour que j’explique pour quoi j’ai arrêté !
Alors je fais des déclara©tions…
Hiv­er 2011

P.S. N° 37
À par­tir de quel âge est-on trop vieux pour devenir terroriste ?
Print­emps 2011

P.S. N° 38
Nous avons gag­né : les per­formeurs du dimanche ont rem­placé les pein­tres du dimanche !

P.S. N° 39
Le pub­lic c’est qui ?
C’est quoi ?
Ca sig­ni­fie qui et quoi ?
Quel pronom pos­ses­sif stu­pide dans une telle sentence !
dérisoire affirmation…

P.S. N°40
Alors tout le monde se pho­togra­phie mutuelle­ment et récipro­que­ment comme s’ils vivaient un grand moment historique…
Pathétique !

P.S. N° 41
La pri­or­ité, jadis, au temps de la marine a voile, était au bateau qui était sous le vent…
sous le vent (!)
Hui, au temps des énormes car­gos et des mon­u­men­taux paque­bots, la pri­or­ité est au navire qui prend le plus de temps a s’arrêter
(règle «du moins manœuvrant»)…
A celui qui doit rester sur son erre.
Voila, j’ai arrêté (déci­sion) la per­for­mance en 2006 et j’ai arrêté (dans les faits) la per­for­mance en 2012 :
Je suis un gros cargo.

P.S. N°42
la perf . au jour J,
le jour d’a­vant c’est bien — utile -
le jour pen­dant c’est mieux
le jour d’après c’est bien (néces­saire)
Après…
Apres :
je tourne en rond, je bois seul
en atten­dant un nou­veau jour J (et ça de 1962 à 2012 : 1/2 siècle)
Vacuité (sens multiple)
En même temps et néan­moins, je désire ces moments de vacuité absolue

P.S. N°43
Nous sommes quelques uns, ain­si, dom­inés par notre langue mais ceux qui ne con­nais­sent pas notre langue — ici ou ailleurs — peu­vent nous “saisir” par les artic­u­la­tions que nous met­tons à la prononcer.

P.S. N°44
Alors, je suis allé au Moma, c’é­tait fin octo­bre 2011, je suis allé au 2nd étage, il y avait :
Fluxus Edi­tions — Thing/thought, 1962/1978.
Nous tous : de la poésie con­crète, visive, élé­men­taire, en action (du hap­pen­ing a la per­for­mance) sommes con­tem­po­rain de ce
“mou­ve­ment”, au jour près !
Il va fal­loir nous sur­veiller de très près et véri­fi­er nos travaux présents et futurs…
En effet, avec le recul leur univers et leurs réal­i­sa­tions parais­sent si dérisoires, si futiles, si inin­téres­sants en un mot si crétines.
Ils ont mal com­pris les leçons des avant-gardes his­toriques : futur­isme, dada, cubisme (par exemple),
ils n’en ont saisi que l’aspect rigolade…
Fluxus c’est juste une par­o­die lugubre de la mau­vaise face de cette histoire.

P.S. N°45
L’assassinat de John Lennon par Mark David Chap­man com­man­dité par Yoko Ono est-il un acte Fluxus ?
Si oui, des trois qui est l’artiste Fluxus ?

P.S. N°46
Je suis allé – là-bas-partout – et tous ceux qui devaient me voir m’ont vu. Les autres n’ont qu’a venir me voir.

P.S. N°47
Une mort digne de Blaine ! N’est-ce pas :
ter­ri­ble nouvelle !
Anne-marie Vil­leri vient de me faire savoir que mon ami Bruno Men­donça est décédé ce matin à l’hôpi­tal des suites d’une
« Chute »
dans son escalier.
Je n’ai aucune autre infor­ma­tion pour l’instant…
C’était un grand performeur !

P.S. N°48
C’est le jour des morts (02.11.2011) que je fis cet étrange constatation :
mon annonce d’en finir avec la performance
et la dis­pari­tion d’une big bit of my libido
furent, en moi et chez moi, con­tem­po­raines à la minute près.
Mais quoiqui entraina l’autre ?
J’ai mis 9 ans à repér­er & établir ce rapprochement !

P.S. N°49
« C’est un chant du cygne » dit-elle.
J’aime bien cette appré­ci­a­tion à la suite de l’énonciation de ce texte.
Audi­tive­ment le sens se mul­ti­plie que ce soit signe ou champ…
Et cal­ligraphique­ment, ça se dou­ble : il suf­fit que le “n” joue à saute-mouton…
signe ou singe,
C’est le champ du singe.
En provençal : c’est le chant de la mounine.
Mais je ne vais pas crev­er tout de suite et mon chant ne va pas s’arrêter de sitôt !

P.S. N°50
La déclara©tion finie, par­tir très vite sans &fusion ni &panchement !
automne 2011

P.S. N°51
Je me défonce dans cette expres­sion mienne :
poésie ? art ? ges­tu­al­ité et ges­tic­u­la­tion ? énon­ci­a­tion et criaillerie ?
alors pour le reste, c’est à dire essen­tielle­ment le corps et ses attributs :
voix, amour, sen­ti­ments et autres évène­ments ou activ­ités de ce genre,
à 70 ans (bien­tôt)
J’essaie de me préserver.

P.S. N°52 (le dernier sans doute !:*)
En un éclair, je suis passé de l’état de ben­jamin à celui de doyen.
à 70 ans dans l’art et la poésie
J’ai tout fait
J’é touf fais
———
* ! : point d’exclamation provisoire…

P.S. N°53
Quand je con­sid­ère les dynas­ties des pein­tres ital­iens de la Renais­sance ou celle des musi­ciens alle­mands du baroque
et à la lec­ture des recueils, livres, revues et autres pub­li­ca­tions ou à l’écoute et à la vision des DVD, CD et autres dis­ques des jeunes poètes et artistes con­tem­po­rains ; à l’évidence : j’ai fait école…

P.S. N°54
Peut-être n’aurais-je intéressé per­son­ne, peut-être per­son­ne ne sera jamais intéressé par tout ça, en tout cas, et cette con­stata­tion n’est pas très intéres­sante : moi, tout ça m’a pas­sion­né, me pas­sionne et me pas­sion­nera encore quelques temps…
hiv­er 2012

PS N°55
Aucun doute sur ce point : l’art du XXe siè­cle sera celui du collage.
Mais celui du XXIe sera-t-il celui de la per­for­mance ou de l’installation ?
Sera-t-il déjà dans l’acte ou encore dans la représentation ?

PS N°56
Ain­si arrives-tu à 70 ans (pas loin, hui, ce 1er mai 2012), et c’est le moment, en effet :
1/2 siè­cle à faire “ça” (voir bio­bib­lio, par exem­ple sur www.documentsdartistes.org/artistes/blaine/page1.html)
et j’ai beau me pos­er et
me repos­er (!) la question…
Seule Marie m’a don­né une réponse dans son film L’éléphant et la chute,
(Pro­duc­tion GREC — 2006):
“(…) Il ne peut pas faire autrement(…)”

PS N°57
J’ai l’impression d’avoir par­ticipé à un jeu de société plus intel­li­gent que les dames et moins savant que les échecs où j’ai tou­jours été per­dant. J’ai encore 1 très faible espoir de gag­n­er 1 par­tie, c’est ce qui me tient en vie.

PS N°58
Mais si, à bien­tôt 70 ans je suis de plus en plus débité, je suis tou­jours autant couillu.
Print­emps 2012

PS N°59
Sans start­ing-block et dans la colline, je cours le 100 mètres en 23 sec­on­des 02. Usain Bolt le court en 9 sec­on­des 63 et du coup s’estime être une légende vivante inter­na­tionale et mythologique, il court sans rien voir, sans sen­tir, sans être
et sans se sou­venir d’un vrai acte héroïque et néan­moins olympique : Tom­mie Smith et John Car­los au Mex­ique en 1968.

PS N°60
Tou­jours, j’ai écrit pour une seule per­son­ne, rarement la même ; alors à 70 ans je dois bien avoir une ving­taine de lecteurs.

P.S. N°61
19.IX.2012 :
Selon moi, c’est-à-dire selon mon goût, j’en ai encore pour 13 ans mais selon mon corps ou selon tel acci­dent éventuel, je n’en sais rien.

P.S. N°62
Hui, à part de très rares excep­tions, les per­for­mances qui font date sont celles qui retrou­vent, repren­nent (se réap­pro­prient) un rit­uel ances­tral (pre­mier) mod­ernisées et personnalisées.

P.S. N°63
Mais mes [sic] déclara©tions ne sont-elles pas que des per­for­mances déguisées, amé­nagées, atténuées ? Le prob­lème – mon prob­lème – ne serait-il pas plutôt celui de ma (re)présentation : cette présence maintenue ?

P.S. N°64
J’aimerais mieux regarder autrement, ne pas remar­quer que « ça », or je n’assiste qu’à du déjà vu à 90%. J’ai 70 ans et voilà 50 ans que je par­ticipe à « ça » : poésie en chair et en os, art-action et autres per­for­mances et je recon­nais tou­jours chez celui-ci ou celle-là ses/ces antécé­dents. À part ces excep­tions de moins de 10% je recon­nais irrémé­di­a­ble­ment les presta©tions de mes vieux amis ou de mes amis morts.
Et ce ne sont pas les meilleurs qui sont les plus pillés !

PS N°65
Avec et après les per­for­mances, je suis passé à des presta­tions que j’ai inti­t­ulé “déclara©tions”, en fait des lec­tures améliorées !
Pour les per­for­mances, à par­tir – tout au plus – de la dix­ième reprise j’é­tais déjà dans la représen­ta­tion mécan­iste, machi­nale, une inter­pré­ta­tion qui lie automa­tique­ment la cause (le texte) à l’effet (la lec­ture) : hors-vie, hors-corps, hors-chair, au-to-ma-tik-tik !!! Déplorable, dead­ly bor­ing… Pour mes “déclara©tions”, j’y suis déjà dès la sec­onde ! donc je ne les lis, ne les fais qu’1 fois, 2 à la rigueur. Automne 2012

Julien Blaine
(2002/2012)

 

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