Soudain dans mes expériences
je n’ai vu que des mots. Les poèmes
autre­fois écrits parlaient
de leur pro­pre vécu. La tristesse,
la beauté, la banal­ité et le sublime.
Com­bi­en de mots, com­bi­en de dévouements
pénibles. Par­faite­ment arbitraires
les signes de ponc­tu­a­tion créent un espace
utile où on peut toujours
se servir. Les réserves fiables
retour­nent un moment d’aigreur
en indif­férence lasse.
Les bribes des sou­venirs, le tim­bre d’une
voix, tout à fait anonyme : c’est encore moi.
C’est toi. Nous, vous, certains –
dont les pul­sa­tions peu­vent à peine
être mémorisées.
Sous les cils des paysages inconnus
appa­rais­sent comme des symboles.
Je les lis avec pré­cau­tion et, en hochant la tête,
je souligne les lieux habituels.
Ain­si durons-nous.
Je ne sais pas déjà. Je ne sais pas.
De toute manière nous sommes devenus des détails.

 

Traduit du croate par Bran­ki­ca Radić 

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