Voici un livre nou­veau, au par­fum de genêt ou de cyprès, de pluie, de sueur et de boue, de sable et de mer, au goût de trèfle, de jambes crot­tées, de soleil et de bon­heur. Un livre à jouer sans mod­éra­tion aucune. Un livre qui sort en vérité et heureuse­ment du courant de la pro­duc­tion lit­téraire au lan­gage tapageur afin de nous con­duire sur la sente de l’enfance et aus­si de la glo­rieuse incer­ti­tude du sport.

Voici un livre qui chante l’ordinaire d’une vie aimant l’esprit du foot­ball d’avant le temps d’aujourd’hui, celle de ce regard de jeunesse débor­dant de ses ailes l’espace du monde pour voir juste et s’en tenir à l’essentiel. Un livre pour la vie comme le bal­lon après lequel il faut courir et puis maîtriser.

On doit recon­naître au regret­té Yves Lan­drein le don d’avoir déniché et enrôlé Pierre Tan­guy, poète, dans son équipe de La Part Com­mune. Car chaque fois que son auteur nous livre sa par­ti­tion, c’est une tranche de vie qu’il nous donne en partage, quelque chose d’inégalé, de saveur incomparable.

Ce recueil est un bel espace de poésie avec son mètre pour ligne de touche, ses images pour com­bi­naisons de jeu, ses rythmes pour maîtrise des con­di­tions atmo­sphériques et de l’équipe adverse, sa mélodie pour jouer en équipe et emporter la vic­toire. Et celle-ci avec un bal­lon [qui] tombe enfin comme un fruit mûr. Tout le temps de l’enfance est là, nim­bé de gloire, alors que l’on ne veut laiss­er per­son­ne sur le bord de la touche. Le style est vif, per­cu­tant, incisif, éclairant (c’est tout l’art du jour­nal­iste Pierre Tanguy).

En fait, il nous donne de pren­dre part à ce match sans fin – un grand match de nos­tal­gie – véri­ta­ble célébra­tion de l’enfance bien sûr, du jeu « gra­tu­it », et aus­si de la faune et de la flo­re, des saints pro­tecteurs du ter­roir et du pat­ri­moine, tout ce qui est d’une terre bre­tonne attachée à une longue tra­di­tion de clochers ou, plus récem­ment, de fortes idées républicaines.

Il faut vivre les heures immenses et sonores et humer la joie qui éclabousse toute les pages de ce livre : elles « immor­talisent » des hommes ou des équipes qui ont habité les rêves les plus beaux de mil­liers de supporteurs.

Que dire encore de ces lignes de grand air et de lib­erté, ces mots de ten­dresse qu’il fal­lait avoir l’audace de faire venir au jour à un moment où les marchands du tem­ple voudraient exercer partout leur con­traig­nante puissance ?

Avec un bal­lon pour la vie, Pierre Tan­guy nous con­vie à la fer­veur. Et cela n’est pas fini car il nous fait entr­er dans un beau secret, celui du Par­adis où son Père, qui ouvri­ra les portes, lui a déjà annon­cé : Réjouis-toi. Ici, aus­si, il y a des ter­rains de foot­ball. Quel beau match !

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