Ce recueil-ci serait à com­mencer par la fin, plus forte, et qui, de sa lumière, ren­force alors celle du début. C’est une médi­ta­tion sur la mort, l’espérance de renais­sance en ce monde, qui donne sens au proces­sus de trans­mis­sion, de divi­sion cel­lu­laire et de par­turi­a­tion initiale.

La fragilité de ces poèmes, sou­vent des qua­trains, émeut et s’accorde au sens (qu’on peut devin­er) de leur dis­po­si­tion spé­ciale (haut et bas de la page seule­ment) ; elle met en ten­sion ces presque-rien vivants, elle met en sen­sa­tion cette dis­tance blanche entre début et fin de la page, haut et bas du monde, du corps, de l’humeur, de la vie.

La poésie de la fragilité de Denise Borias, par­fois, se replie sur des solid­ités et des cer­ti­tudes qui peu­vent elles-aus­si paraître bien frag­iles : « la musique ances­trale des mots » (p. 31) est-elle si ances­trale et si pérenne ? On sait que les mots et les par­lers eux-mêmes bougent et se trans­for­ment depuis tou­jours ! Au plus pro­fond de l’expérience humaine, donc, « Le temps nous laisse dému­nis » (p. 11) ; mais cette absolue fragilité est ce con­tre quoi lutte ici-bas la poétesse du « fort goé­land », qui sait « pour sur­vivre trouer la vague sans désert­er le ciel » (p. 47).

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