Une ronce abri­tait l’âme. Com­ment forcer le feu de la blessure ?

Regarde-moi Seigneur
debout sur mon crayon,

Compte après les ans de ma ferveur
nid d’osier sur le fléau de la balance ;

Né dépouille un temps prolongé
je reste un rond soli­taire ignorant ;

J’ai oublié l’ef­fet de ma délivrance
l’é­paule où se con­stru­it ta parole ;

Approche une voix brûlée d’ardeur
“s’ou­vrir à l’homme” ;

Ma vie trem­ble une lib­erté sans aurore
pour réduit les yeux d’Adam.

 

 

De la prière, nul chemin où l’e­sprit s’embrase.

Mon appétit rien ne le comble
j’ai faim de Dieu ;

Les pier­res en nos bâtisses
oublient les fleurs les ayant tenues ;

Le neuf est rongé d’ombre
l’e­sprit par un lait de nuit mièvre ;

Pain et tra­vail fondent entre nos doigts
j’ai faim et frappe au verrou ;

Et nos âmes sous le joug des railleurs
ren­dent plus de larme que de plaisir,

Nos cris s’ef­filochent et rougissent
à l’orée de la clair­ière invisible ;

Donne-moi l’en­train de la poulie
la fonc­tion du car­ré la chimère ;

J’aboucherai ma lèvre au néant
encore illu­miné de ta chair,

Mon âme, je la piétinerai
pour ta parole effleu­rant la mienne.

 

 

Com­prends, de nos deux voix, ne suis-je la plus faible ?

Yeux mal ouverts gorge qui tremble,
je tiens l’allumette pour que forêt

Monte jusqu’à tes cheveux d’automne ;
que tu portes fruits pau­vr’ homme !

Sur papiers de soie je te parlerai
tan­dis que nous marcherons sous les étoiles,

(Ah sous les étoiles marcher et porter des fruits).

 

 

Ruine grecque en plein été. Assis, devant un por­tique, est-ce toi, mi-vieil­lard mi-enfant, farine hors de la parlure ?

A con­tenir la mesure de chaque chose
je veux la plus petite,

L’étalon par lequel on sur­prend la vie recluse
l’unité numérale,

Comme les doigts qu’on lève et qu’on plie
a‑t-on jamais comp­té avec la main seule ?

 

 

Par ta voix au tra­vail de la mienne, revi­en­nent les louanges, qu’à retenir, je demeure impuissant.

Serai-je feuil­lage ébloui d’aperçu
orchidée sub­tile à la sci­ence angélique ?

Existe-t-il ce jardin où te cueillir
pure entre chants et parfums,

Gui­tare dont tu pinces
la chevelure ensoleillée ?

Ni exil ni blessure
le vent seul en miroir

Appelant ta venue sans fin
tel un cav­a­lier d’or.

Librairie-Galerie Racine. 2000

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