Voici la non­cha­lance et l’incandescence,
Voici le désert de retour,
Voici la parole qui reprend son essor
comme le vent se lève
Avant de dis­paraître dans le sable.
Voici les images qui recommencent
Avec leur ébriété réservée à l’aveu d’un soleil
Que per­son­ne ne peut voir face à face.
Campe­ments d’ombres,
baraque­ments de lumière, désert.
Tu retires aux mots leurs écailles et tu épluches
l’âme enivrée d’elle-même comme un oignon :
Songe après songe, le regard, brisé par ta clarté,
l’impassibilité de ta terre aride,
devient une eau qui per­le assagie à chaque
courbe de tes flancs semés
de moires et d’ombres.
Des noms volés au silence en jaillissent,
Des noms pro­pres affamés de manne et d’oasis,
Des noms sus­pendus à tes lignes de crêtes
Expi­rant dans des dunes
de paix, de chair et de blancheur,
Des noms encore indéchiffrables
comme le gypse de la rose enfouie sur tes sables.
Paysage, ton échap­pée devient une urne où déposer
Les cen­dres d’une mémoire enfin vierge de tout bruitage,
Et voici que le désert, l’ailleurs est là ;
Il ouvre l’univers au coeur de la matière et du silence
comme le nomade ouvre la marche de l’aube.
Rien qu’une suite d’effacements et de sur­gisse­ments à la charnière de l’abysse et du ciel,
Rien qu’un gémisse­ment de l’Esprit per­du d’avance au milieu des herbes et des chacals,
mais rien de moins qu’une empreinte sur le sable.

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