Olivi­er Bar­barant pub­lie ici un nou­v­el ensem­ble de poésie. Il m’est sou­vent arrivé de lire l’essayiste, celui qui a dirigé la pub­li­ca­tion de la poésie d’Aragon dans la pléi­ade et est l’auteur d’un essai de référence pas­sion­nant sur le même poète con­sultable ici :

http://books.google.fr/books?id=PeVSoUjSQAQC&printsec=frontcover&dq=Olivier+Barbarant&redir_esc=y#v=onepage&q=&f=false

Et con­tribue régulière­ment à divers­es revues de référence par des textes remar­quables. Ain­si qu’au jour­nal L’Hu­man­ité. Je décou­vre ici le poète et cette décou­verte m’enchante. Si le poète ne m’était pas encore con­nu, ce n’est pas que Bar­barant est un poète incon­nu, bien au con­traire. Il a obtenu les prix Tzara et Mal­lar­mé pour deux autres recueils, et ces « récom­pens­es » sont loin d’être anodines dans le monde poé­tique con­tem­po­rain. On le com­pren­dra aisé­ment en lisant ces Élé­gies étran­glées.

Sous les yeux, une ruine. La cou­ver­ture du livre est explicite. Pas n’importe quelle ruine, celle d‘une civil­i­sa­tion que l’on devine avoir été bril­lante. Et c’est l’une des forces de ce livre, celle de met­tre en con­tre­point les dérives de l’homme poète, celle de ses proches aus­si, avec les dérives dans lesquelles nous sommes main­tenant plongés. D’ailleurs, le recueil s’ouvre sur ces mots :

 

Pièces vides
Fau­teuils où dor­ment des fantômes
Où ne s’asseyent plus que des souvenirs.

 

S’agit-il de nos­tal­gie ? Pas telle­ment. Le moment sem­ble venu, plutôt, de se retourn­er et de regarder ce qui a déjà été vécu. Au cen­tre, la souf­france. D’un monde qui s’écroule. Le nôtre, peut-être. Celui de l’enfant que fut Olivi­er Bar­barant surtout. Il y a de la tristesse aus­si dans ce regard porté sur Paris :

 

À croire que seule demeure
De notre déchirure une géo­gra­phie dev­enue insensée.

 

Bar­barant est le poète de mon­des qui se sont écroulés, mon­des per­son­nels, géo­graphiques et politiques.

Pla­nent les sil­hou­ettes de la mère et du père, par­tis tous les deux. Et la poésie se fait alors intimiste, le poète dévoilant peu à peu les souf­frances, celle de la perte du père, de la rela­tion dif­fi­cile à l’enfance. Les mon­des que décou­vre pro­gres­sive­ment l’enfant qui cesse d’être enfant sont par­fois destruc­tion pro­gres­sive du tem­ple. Il en faut alors de la force pour recon­stru­ire quelque chose sur les décom­bres de ce que l’on croy­ait être et qui – réelle­ment – n’était pas. Ou pas exacte­ment. Du moins pas tel qu’on le voy­ait et le pen­sait. Mais il n’y a pas que cette forme de tristesse dans la poésie de Bar­barant, il y a aus­si des pages épous­tou­flantes sur son rap­port au père, et par­ti­c­ulière­ment aux derniers moments vécus par le père. Pages d’une beauté et surtout d’une vérité humaine excep­tion­nelles. Cette poésie dévoile la vie de l’homme poète Bar­barant mais aus­si, et ce livre en cela est une vraie réus­site, elle dévoile beau­coup de la vie. Simplement.

 

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