(i.m. Yoël G. W.)

Même à s’aveugler de la blancheur du mar­bre blanc
nos yeux
de pierre ne devien­dront pas

ren­trée chez moi j’asperge tout de javel
que tout soit pro­pre pour oublier
la moi­sis­sure au fond de ma cor­beille à pain
me rap­pelle le gros ver se fau­fi­lant vite
de tombe en tombe, noir sur les dalles

tu me par­les en souri­ant des olives
celles que nous don­nera l’arbre à l’automne
faut-il bat­tre l’arbre pour les faire tomber ?

lui déjà couché et elles encore debout
Clotho au fuseau
telle­ment en colère con­tre Atropos
Laché­sis au fil sou­tient leur pâle mère
Atro­pos aux ciseaux n’a pas été enivrée à temps

aucune n’a pu par­ler de lui
Themis les lèvres serrées
Clotho les yeux bais­sés dans sa robe blanche
Laché­sis a dressé l’historique du cimetière
Atro­pos la plus ter­ri­ble a pleuré

au mont des oliviers j’ai lâché ta main
d’un côté le désert, de l’autre la ville
je sais Yoël l’ingénieur lequel tu as choisi
en nous lais­sant te chercher dans l’autre

un touriste en cas­quette bleue a pho­tographié le vide
qu’un de tes amis a ten­té de combler par des mots

tu m’apportes des fruits rouges, verts et jaunes
un peu de douceur dans une journée de pierre.

 

(Jérusalem, le 27 juin 2006)
 

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