Entre deux foulées,
entre deux chansons,
le bord de mer, gri­bouil­lage bleu, se promène avec moi
jusqu’à la tour de guet ; des pensées
dan­gereuses nais­sent sans répit
au creux de mon ventre.
La mer est calme, elle caresse la roche, indécise ;
les gens passent en flèche, en silence, à côté de moi ;
mon arbre préféré noue sa forme autour de l’échine du ciel.
Entre deux foulées,
entre deux chansons,
je repense à mon père atten­dant à côté de sa dernière fenêtre,
où était peinte la mer –
il était tout sourire quand on lui a don­né cette chambre
presque normale,
sauf pour le sang accroché qui se vidait dans ses bras.
Il aurait voulu que je reste un peu plus longtemps à ses côtés
mais je suis partie.

Un peu plus tard, je suis allée vieil­lir sur les rem­parts pas loin.

 

 

Tra­duc­tion : Nadia Mifsud

image_pdfimage_print