Ô com­pagne !
Ô Nuit ! Qui rem­plis de soif
les puits du désir
t’habilles de la sur­prise d’un enfant
dans les pupilles de qui le myrte a feuilli
telle une cas­cade de câlinerie
quand s’est abat­tu sur le cœur
la réso­nance des bais­ers libertins,
tu es plus pure que le vis­age des lys
qui nagent  dans les mares de rosée stagnantes
avant de franchir l’enfance nonchalante.
Tu es plus ray­on­nante que la lueur
d’une aube  fraîche quand elle coule
telle une source incan­des­cente qui découd
ce que les ténèbres dis­traites ont cousu.
Verse-moi la sève de ton intimité
dans tes coupes débor­dantes de félicité
et de feu qui attisent l’amour dans mon âme.
Je suis encore un poulain tzigane
que la civil­i­sa­tion de la débauche
n’a pas encore dompté
et que les chimères de la passion
n’ont pas souil­lé non plus.
Enfourche le rêve étique
sans selle ni brides
et bran­dis l’épée de mes afflictions
tel un indi­en sur le dos d’une soumission
qui se pré­pare à parlementer
Les vam­pires qui sucent ma blessure
ont répan­du les plumes de mes pleurs
dans les girons des mères
privées de leurs enfants
qui ont san­gloté longtemps
sur les bal­cons d’un vent étourdi.
Chas­se le som­meil des forêts de mes paupières !
Sois aux écoutes du son de l’air douloureux
du luth de l’orphelinat
dans mes souf­fles étouffés
et de la transe d’un cœur qui ne ment plus
Doré­na­vant, tu n’entendras que les plaintes
d’une colombe qui te câline chaque soir
lorsqu’elle roucoule sur le rameau des déboires.

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