Traduit de l’espagnol (Argentine)
par Yves Roullière
I
une prière au ciel remplit ma bouche
II
le vent soulève la poussière des tombes
et déjà tes os ne sont plus
III
la danse des bouches muettes s’est éteinte
à l’aube de ton départ
IV
tu lècheras mes blessures
quand chien tu te réveilleras
V
de ma terre fertile
que sécheresse
VI
la nuit
quand les chiens aboient dans une rue
l’orageuse vigilance dort
alors moi aussi
VII
quand tu as déversé de ta cruche-bouche les épines que nul ne voulait toucher
moi les yeux aveugles et ouverts je les ai toutes ensemble recueillies
pour les avaler et savourer ta douleur
VIII
l’éclat du couchant
aveugle les amants apeurés
IX
aujourd’hui que la boue rejaillit sur ma langue
cette écriture seule dit ce que je ne puis exprimer
X
alors les bouches plantèrent leurs dents
alors la putride chair
XI
et tu m’as embrassé délirant
et nous étions au réveil enlacés pour attendre l’absence d’hier
XII
car la caresse ne guérit pas
la parole