1

Au Tatoueur Ailé

l’échoppe encas­tre
un dos roué d’insectes
tatoués vio­lets vifs

la vit­rine tressaille
d’un chauf­fe­ment d’élytres

on n’entre
qu’incorporé

               2

Feras-tu rien qui me saigne
à la pierre levée,
moi rien qui te saigne à son ombre tapie ?

ma peau d’oiseau s’use aux barreaux
de la charpie d’araignée
pour les gre­niers des tours

en feras-tu une robe de vent
pour les fau­cons qui fondent sur ta viande ?

c’est un repas de neige aux trois médail­lons rouges
qui sont la couleur du vis­age de mon amie

 

                3

                  
    lentes en minutie
    les plumes bal­aient la lumière
    tombée du cou des rivières

    jusqu’en les fentes du parquet
    tranchées du bal
    où geignent les temps morts

    des épaules creuses au talon
    elles sont courtisanes
    de révérence et d’air

    si ample caresse
    casse le dos par­fois qu’on redresse
    en bosse
    con­tre une baie vitrée

    soulevée d’ombre

    des nuées d’oiseaux nus s’y plantent

                 4

    sèch­es vies d’alvéoles
    dans le papi­er des guêpes

    elles sont restes des hautes puanteurs
    qui d’homme à dieu
    coulent par envie

    sans l’au-delà elles fussent en vol
    crachas d’or au bec

    fendu d’un rapace

 

 

                5

un crève-lapin hors le fossé
tire son écorché
œils saillis

sa pelisse orne un barbelé
dans l’arrière-pays rouge
loin bourrelée
sous une pluie vieille

il va char­ri­ant sa viande
au clapier
tête à poil

 

extraits

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