I

Vues depuis la fenêtre
dont les volets fer­ment mal
ces fleurs de magnolia,
celles qui brunissent,
celles qui ne sont pas écloses :
une aube avant l’aube.

Ce n’est ni le jour ni la nuit.
La blancheur est sur ces arbres
plus vive à cette heure
– comme le drap
dans la cham­bre où tu dors.

 

II

Depuis la fenêtre basse
de l’ancienne cuisine
on ne voit du paysage
que le toit de tuiles
de l’abri pour les bêtes,
la pierre du puits
un saule et le vent.

Grande est la lenteur des choses
quand tu te trou­ves retiré
des va-et-vient matinaux.

 

III

Tu mar­chais en alti­tude proche des rapaces et des fleurs
foulant l’herbe jaune où pais­sent des moutons
– guet­tant l’ombre des pins et les dalles de cal­caire chaudes
loin et de l’homme qui injurie les passants
et des com­merces, des camions, des images
qui peu­plent notre vie. Tu n’as jeté qu’un œil
par la fenêtre d’où l’on ne voit que le feuillage
du tilleul qui pour­rait être ton seul horizon.

 

IV

Ailes pliées dépliées du papillon
noir et blanc près du fruit posé sur l’herbe
jau­nis­sante en été. Fruit qui pourrit
et douce­ment nour­rit devant la fenêtre
basse d’où nous regar­dons oublions
les couleurs de la vie – jaune, bleu, vert
ce qui vit de ce qui meurt.

 

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