La mon­naie tombée des poches
ne suf­fi­ra pas. Pour pay­er le passage
il fau­dra des espèce un peu plus sonores,
que le réveil à l’aurore fera trembler.
Puis sauter par-dessus les ombre
et sor­tir du langage. (…)

 

Car il fau­dra pass­er l’Achéron. En ces temps où cha­cun par­le des mil­lions de la dette avec une dés­in­vol­ture de camelot, la petite pièce dans la main du défunt n’a pas l’air de grand chose et l’on s’imagine presque que les Anciens pre­naient la mort à la rigolade.

Cela fait longtemps que Gérard Macé scrute cet « autre roy­aume où tout est inver­sé ». Ce roy­aume qui est aus­si celui des songes, ou bien ces inter­stices de néant entre les êtres, ou l’écart entre les mots et les choses ; tout ce qui nous mon­tre les lim­ites de notre territoire.

Même en dehors du lan­gage, à l’instar d’Homère, il va les yeux ouverts, cherche le mot juste :

 

       On ne pense pas d’abord
à porter son père sur son dos, on ne pourrait
d’ailleurs pas. On préfère pour commencer
des formes plus légères, comme celle
de la femme qui voulait tra­vers­er la rivière
sans salir sa robe, ou la mar­iée sans voile,
et même l’amazone que soulève le vent.

Mais un jour ou l’autre le vieil homme revient,
et l’on recon­naît sa voix qui mur­mu­rait à l’oreille :
« Il faut savoir vol­er pour se brûler les ailes. »

 

Après beau­coup d’années, après beau­coup de livres, le poète pour­suit le même rêve d’enfant :

 

Les bat­te­ments d’ailes d’un enfant
qui apprend à marcher, le même
qui veut bat­tre aus­sitôt la lune à la course,
et s’entraîne en regar­dant le défilé des nuages.

 

Pas à pas jusqu’à la dernière où l’auteur dit atten­dre la mort, chaque page résonne de cette mod­estie joyeuse que l’on trou­ve chez Mon­taigne ou chez Sol­mi — que Macé naguère a traduit. Une famille d’auteurs qui, avec une douceur appar­ente, se deman­dent si l’on est tail­lé pour l’éternité (Gardez pour vous votre éter­nité… page 26 et page 64) ou l’infini, ou la vérité :

 

La pen­sée dont la ligne s’enfonce
en atten­dant que la vérité
morde à l’hameçon.

Mais la vérité n’est pas ce pois­son mort
qu’on vend à la criée. C’est le vif-argent
qui file entre les doigts, c’est l’ombre
autant que la proie, l’anguille sous la roche
qui va mourir en haute mer.

 

Avec humour sou­vent, la troisième par­tie du recueil inti­t­ulée « La fin des temps, comme tou­jours » boute l’orgueil et la dérai­son du monde occi­den­tal : Les bruits enreg­istrés de la nature/ ont réson­né dans nos maisons,/ où l’on vapor­i­sait des odeurs / d’algues et de lilas, de sous-bois / en automne et de mimosas.

Si le célèbre recueil d’entretiens de Yource­nar ne por­tait déjà ce titre, ce livre de Gérard Macé pour­rait s’intituler sim­ple­ment « Les yeux ouverts ». Sur quoi ? Sur la banal­ité mag­ique qui pré­side à nos vies.

Car les mythes que nous croyions avoir décon­stru­its con­tin­u­ent d’organiser nos exis­tences et nos pen­sées (— la mytholo­gie comme les restes du jour, (…) pro­longe la vie des dieux dans le corps des mor­tels —) mais le poète, loin de les démon­ter, leur fait retrou­ver leur grain, leur épais­seur, la famil­iar­ité que les Anciens éprou­vaient à leur égard, lorsque l’Olympe fai­sait par­tie de leur champ de vision.

Ce n’est pas la moin­dre ver­tu de ce livre que de redonner aus­si leur grain aux mots :

 

Des enfants tri­somiques ont joué Shakespeare
au bord de l’océan, mieux que les acteurs
habitués aux planch­es. Pour eux, être était un tel effort
que venger un père ajoutait à peine au fardeau.
Ne pas être, ils en fai­saient chaque jour
l’expérience dans le regard des autres.

Traîn­er un cadavre en coulisse,
déclamer en dom­i­nant le bruit des vagues,
c’était pren­dre à témoin la nature
que le lan­gage humain peut défi­er le néant.

 

 

*

Gérard Macé, Homère au roy­aume des morts a les yeux ouverts, Le bruit du temps, 2015, 80 pages, 16€

*

 

 

Jeanne Marie, quince poet­as france­ces con­tem­porá­neos, antholo­gie bilingue français-espag­nol, Libros del Aire, 2014, 232 pages, 18€.

 

Il est tou­jours intéres­sant de se voir dans le miroir ten­du par l’autre. Même si cette antholo­gie, des­tinée au pub­lic espag­nol et lati­no-améri­cain, est l’œuvre d’une tra­duc­trice française vivant et tra­vail­lant à Paris. L’éditeur est quant à lui madrilène et son cat­a­logue accueille de nom­breux auteurs étrangers, au nom­bre desquels je remar­que Jacques Darras.

Jeanne Marie veut ajouter une passerelle à celles qui exis­tent déjà, pour que le lecteur espag­nol puisse décou­vrir des œuvres de poètes français peu con­nus en Espagne. C’est l’originalité du choix qui m’a don­né envie d’en par­ler ici. En lisant le som­maire, je me rends compte qu’en France on aurait aus­si ten­dance à les nég­liger : Pierre Seghers ; Alain Borne ; Hélène Cadou ; Serge Brindeau ; Jean-Pierre Ros­nay ; Max Alhau ; Jean Métel­lus ; Vénus Khoury-Gha­ta ; Nicole Lau­rent-Catrice ; Gabrielle Althen ; Francine Caron ; Brigitte Gyr ; Jean-Luc Max­ence ; Salah Al Ham­dani et Bruno Doucey. Le lecteur français pour­ra donc faire de ce livre un per­ti­nent brévi­aire sgden (sans garantie de l’éducation nationale).

Pre­mière obser­va­tion : même si elle n’est pas revendiquée : une qua­si par­ité. Dev­enue usuelle en matière élec­torale, elle pénètre moins aisé­ment qu’on ne le dit la République des lettres.

L’exemple de Francine Caron mon­tre que la terre d’Espagne n’est pas un fief de l’imaginaire mas­culin (trage­dia, hon­or y toros) :

 

ter­res de Salamanca
 Terre tem­pête
à la force du jaune
sous l’assemblée du ciel

Seule
ten­due comme une mer
Infligée Inci­sive

Espagne
Espagne veuve

 

Deux­ième obser­va­tion : la Résis­tance est un des fonde­ments de la poésie en France. Cela vaut pour les plus anciens mais pas seule­ment. Lisons la notice (traduite) rel­a­tive à Salah Al Ham­dani, né à Bag­dad en 1951, ayant con­nu la prison dans son pays, rési­dant en France depuis 1975 :

 

Éloigné de l’intellectualisme, direct au cœur, il s’enfonce dans le monde des émo­tions d’un exil for­cé, tristesse irrémé­di­a­ble de la patrie per­due, de la mère regret­tée ; vers mag­nifiques qui con­tem­plent la réal­ité d’une vie flot­tant entre sou­venirs, espérances et rêves.

 

Troisième obser­va­tion : du grand aîné (Seghers) aux plus jeunes, la plu­part sont des passeurs de voix : tra­duc­teurs, tra­duc­tri­ces et, pour Bruno Doucey et Jean-Luc Max­ence, éditeurs.

Le choix que Jeanne Marie a fait au sein de l’œuvre de cha­cun reflète son goût pour un lyrisme de la ren­con­tre : ami­tié, trans­mis­sion et sen­si­bil­ité à la terre. Et, à ceux que trou­blerait l’absence des grands con­tem­po­rains, les dédi­caces de cer­tains poèmes à Paul Élu­ard, Jean Paul­han, René Char, dis­ent à leur manière l’incessant échange de voix et de textes qui fait une cul­ture vivante. La pré­face de Philippe Biget approche d’ailleurs ces quinze auteurs par le biais des rela­tions qui unis­sent leurs com­bats et leurs styles. Autant d’éléments qui font de ce livre que l’on pour­rait croire en rup­ture, une nais­sance émer­veil­lée (Pierre Seghers).

 

*

Jeanne Marie, quince poet­as france­ces con­tem­porá­neos, antholo­gie bilingue français-espag­nol, Libros del Aire, 2014, 232 pages, 18€.

*

 

 

 

Dans ce buis­son­nant vol­ume, citons pour com­mencer Blaine lui-même, répon­dant aux ques­tions d’Éric Létourneau :

 

(…) j’avais choisi la poésie élé­men­taire, pas sonore, parce que j’estimais que le poète est un être fait de chair, de sang, d’éléments qui nous con­stituent tant que nous sommes vivants. Après, le livre reste, mais, tant que nous sommes vivants, il faut aller mon­tr­er la poésie avec toutes ses formes, avec toute sa syn­taxe ; c’est-à-dire y com­pris avec la voix, avec les gestes et avec le corps.

 

Une « poésie en chair & en os, à corps et à cri » comme l’explique Isabelle Maunet. Qui ajoute : Tel l’aborigène ou le chas­seur, le poète a aus­si pour fonc­tion de « lire le sol comme s’il s’agissait d’un livre (…) » Il s’agit aus­si du corps du monde, du corps comme inter­face et rela­tion, d’un corps total (d’où, nous y vien­drons, l’utopie).

On est entre le cri et le mot, entre l’humain et l’animal. Gilles Suzanne fait remon­ter l’écriture « inter­sémi­o­tique » de Julien Blaine, son « lan­gage bâtard », cette sorte de « qua­si­mo­do de la langue », à ce qu’écrivait Rim­baud du poète « comme voy­ant ». Poésie qu’Achille Boni­to Oli­va rap­proche d’une « idée wag­néri­enne », un événe­ment créatif {qui con­tient} en lui-même la total­ité des lan­gages et des formes, affir­mant ain­si une philoso­phie de l’art qui serait à la fois métis­sage et brouil­lage des fron­tières.

Par­ler d’une telle aven­ture ne va pas de soi et la mul­ti­plic­ité des angles d’attaque est vrai­ment bien­v­enue. Comme sou­vent dans ce type de livre, le dis­cours uni­ver­si­taire côtoie la parole plus vibrante des créa­teurs et de ceux qui les fréquentent de près.

Le pre­mier dis­cours a ten­dance à expli­quer l’esprit de la per­for­mance au moyen de pri­vat­ifs ou de liens inter­caté­goriels. Car cette créa­tion que Blaine dit faire « avec toute la syn­taxe », les chercheurs la qual­i­fient d’asyn­tax­ique et agram­mat­i­cale, essayant de capter, entre les caté­gories ratio­nal­isées de leurs dis­ci­plines, un vif du sujet a‑rationnel.

Entre autres, toutes aus­si étayées et claire­ment con­duites, les con­tri­bu­tions de Gilles Suzanne détail­lent les assis­es philosophiques et lin­guis­tiques de cette « fin du ver­bal­isme ». Pour lui, la poésie de Blaine cherche à « dégager de leur gangue les infor­ma­tions esthé­tiques », action fondée, à l’instar de cer­tains let­tristes, sur « la dés­in­té­gra­tion sonore de la let­tre sous l’action du souffle ».

Cela me rap­pelle que des prob­lé­ma­tiques assez proches ont préoc­cupé cer­tains auteurs dès les débuts de l’imprimé, comme Mar­guerite de Navarre en ses poèmes spir­ituels rêvant de « tra­vers­er » les livres… Isabelle Maunet écrit que Blaine cherche dans la chair et le tis­su du monde (…) la trace d’une orig­ine à jamais dérobée de l’écriture. Cette « archi-trace » ou « archi-écri­t­ure », qui, à l’origine de l’origine, a dis­paru, ne se lim­ite donc pas au « seul vocab­u­laire alphabé­tique ». Héritage rad­i­cal dont Rim­baud, par son œuvre autant que par son départ vers l’Arabie, est le jalon majeur.

Alors, rien de neuf sous le soleil ?

Julien Blaine ne per­forme plus (voir Recours au poème n°120), lassé de voir que la per­for­mance est dev­enue une rou­tine folk­lorisée pour cen­tre d’art con­tem­po­rain. Sa décep­tion est à la mesure de l’immense utopie qui por­tait ses expéri­men­ta­tions. Rap­pelons qu’il a débuté dans les années 1960, un temps où seul le peu­ple laborieux et inculte était affublé d’un corps. Les années sem­blent d’ailleurs lui avoir don­né rai­son puisque notre temps affecte de ne s’intéresser qu’au corps, de préférence la par­tie inférieure. De là à penser que ses per­for­mances relèveraient de l’archéologie de notre post-moder­nité libérée et fes­tive… Ce livre vient à pro­pos met­tre un terme à ce genre de sim­pli­fi­ca­tion. Le sep­tu­agé­naire, l’indigne bous­culeur de lan­gage remue encore, autrement. L’u­topie que les autorisés dis­ent morte aussi.

Dans son arti­cle, Michel Giroud par­le de l’utopien Blaine comme étant ini­ti­a­teur de pro­jets (…) empirique et prag­ma­tique {avec} les capac­ités d’un entre­pre­neur. On com­bat sur le ter­rain ver­bal des décideurs qui mar­tyrisent le monde. Chaque mot compte. Il s’agit d’expliciter les con­di­tions de la prise de parole… en la prenant, pour con­duire l’auditeur-spectateur à sen­tir ses pro­pres instances de légiti­ma­tion de ce qui est lit­téraire ou pas ? Michel Giroud oppose Blaine à ce pays qui a peur des véri­ta­bles inno­va­teurs qui, seuls, peu­vent trans­former la médi­ocrité cul­turelle. Invité d’Expoésie, à Périgueux en mars 2015, en com­pag­nie de Bruno Guiot, le même Giroud déclarait que la cul­ture ne peut que déclar­er la guerre au min­istère de la cul­ture. Il est vrai que l’actuelle min­istre et ce qu’elle dit de ses lec­tures, est en par­faite réso­nance avec une atmo­sphère qui afflige nom­bre d’entre nous, et dont l’emblème pour­rait être cette boutade d’un édi­teur que j’ai con­nu, pour qui les livres ne sont plus des­tinés à être ouverts mais à s’intégrer avec élé­gance dans un pro­jet décoratif !

Quand Gilles Suzanne écrit que Blaine cherche à dépass­er la poésie con­crète. La dacty­lo­gra­phie et la typogra­phie s’imposent {à lui} comme des procédés de com­po­si­tion de la langue, enten­due comme matière, en énergie, il invite la poésie à pro­gress­er au même train que l’empire de la tech­nique, dans l’objectif de com­bat­tre tous les abus de pou­voir que per­met cette dernière. Tou­jours aller sur le ter­rain de l’adversaire au lieu de rester dans ce que Char nom­mait « la stratosphère du verbe ». Enjeu poli­tique et enjeu poé­tique retrou­vent de nou­velles affinités. Julien Blaine mon­tre un mil­lé­nar­isme lucide aux accents moins désen­chan­tés qu’il n’y paraît : C’est quoi le fond de la poésie ? C’est en effet de chang­er le monde même si ça reste une utopie, et même si on y croit de moins en moins, on y croit toujours !

La poésie de Blaine est aus­si faite de célébra­tion, et là le vol­ume donne la parole à ceux que je dis­ais « proches du créa­teur », sou­vent cri­tiques d’art ou com­mis­saires d’exposition. Enri­co Mas­cel­loni par­le du « vital­isme » de Julien Blaine, et Gérard-Georges Lemaire d’un « super Dada » ; d’une « per­ver­sion ultra­boutiste de la Come­dia dell’arte ». Poème en soi, l’article de Lemaire fait trébuch­er le lecteur ; c’est toute l’éthique de Blaine ça, faire trébuch­er et trébuch­er avec nous. Scandale.

Claude Dar­ras abor­de la « geste poé­tique » du « géant hir­sute et chevelu » comme un prodigieux amal­game des sens, du sens et du son. Et si la « cor­ro­sion » est le pre­mier effet que l’on retient, « ces atteintes annon­cent une recon­struc­tion, la renais­sance d’un codex sin­guli­er où le mot, le son, la trace et le corps sont convoqués ».

Mais le plus stim­u­lant me paraît venir de Mas­si­mo Mori, poète : con­tre ceux qui prendraient au pre­mier degré le « prim­i­tivisme et l’anti-culturel » de cer­taines pro­jec­tions d’encre, lacéra­tions et autres piétine­ments de fruits, il inscrit le tra­vail de Julien Blaine dans une revi­tal­i­sa­tion de la tra­di­tion orale. Et, — nous en revenons à la tech­nique —, ce sont à la fois les racines de notre rap­port au lit­téraire et plus large­ment de notre épistèmê qu’il interroge :

 

La poésie orale tra­di­tion­nelle trou­ve l’une de ses dimen­sions esthé­tiques dans le pou­voir archaïque attribué à la parole (…) dans sa dépen­dance à l’égard des into­na­tions et des car­ac­téris­tiques de la voix, dans son pou­voir d’évocation enfin. (…) {Avec l’invention de l’imprimerie} la cou­tume de la trans­mis­sion s’affaiblit {en même temps que nais­sent} les sci­ences, qui ne se sat­is­font plus de sim­ples intu­itions mais s’efforcent de sta­bilis­er les don­nées de la con­nais­sance, soumet­tant celle-ci au pou­voir de ceux qui déti­en­nent les tech­nolo­gies pour exercer et con­trôler la dis­tri­b­u­tion, l’information et la for­ma­tion de la vision com­mune des choses.

 

Il man­quait un tel ouvrage, somme toute assez sérieux, pour affirmer la cohérence et la haute ambi­tion de la démarche de Julien Blaine, quand une par­tie du pub­lic « ciblé art con­tem­po­rain » qui fréquente les per­for­mances ne sem­ble y chercher qu’un aimable défouloir.

Vous imag­inez que j’ai dû faire un choix par­mi beau­coup d’orientations où, comme c’est la règle con­cer­nant ce type d’ouvrage, cha­cun peut se con­tenter de cueil­lir ce qui lui par­le. En out­re, sig­nalons que la fin du livre con­tient un cahi­er de pho­tos éclairant les arti­cles ain­si qu’un très détail­lé index thématique.

 

*

La poésie à out­rance, À pro­pos de la poésie élé­men­taire de Julien Blaine, Col­lec­tif, sous la direc­tion de Gilles Suzanne, Les press­es du réel, 2015, 496 pages, 36€.

Chez Recours au Poème édi­teurs, Eric Pis­touley est l’auteur de : Les tours de magie de Gérard Macé, col­lec­tion L’Atelier du Poème, 2015 

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