Tentatively I begin this blue day
till the sky darkens
And it will be the end
again
Why ?
The end again till the very end
The day will not be blue
any more
But a flight of wild geese
crosses the sky
And everything is ordered
The anguish of my heart
disappears
The window is no more blue
but translucent
Behind
the black trees write their branches
on the sky
so determined
So sure of themselves
and of the instant of time
So justified to be there
The lightness of things takes
my heavy thoughts away
And I leave this morning
nevermore
new
Dans une hésitation je commence ce jour
bleu
jusqu’à ce que le ciel devienne obscur
Et ce sera la fin
à nouveau
Pourquoi ?
La fin à nouveau jusqu’à la fin définitive
Jamais plus
le jour ne sera bleu
Mais un vol d’oies sauvages
traverse le ciel
Et toute chose est en ordre
L’angoisse de mon cœur
disparaît
La fenêtre n’est plus bleue
mais translucide
Derrière
les arbres noirs écrivent leurs branches
sur le ciel
si définies
Si sûres d’elles-mêmes
et de l’instant du temps
Si justifiées d’être là
La clarté des choses emporte
mes pensées sombres au loin
Et je quitte ce matin
jamais plus
nouveau
Dans la brume des vagues revenantes
un soleil
restreignant l’angoisse
Tu es ici
et c’est déjà
l’éternité
C’est très vite
plus loin
Et tu restes invisible à tes yeux
Le sommeil t’a quittée pour d’autres lunes
Je pleure ce que je perds chaque instant
perdu par la montée du temps
Le retour d’un cheval sans cavalier
dans le matin levant
Et recommence le mystère du jour
nouveau
Surgit le tremblement
d’une incertitude
Le doute de continuer
Je m’accroche à ce qui reste
Et le reste s’effrite
Transparence de l’aube
commençant son ascension
vers la lumière
Oh ! la compassion cruelle
de l’aube qui charrie
les désirs au large des ténèbres
L’aube passagère
pour toujours
passagère
Les temps échouent à être
quelque temps
dont on aura mémoire
Époque sans fantômes
où on ne revient pas
d’où l’on ne revient pas
Temps sans présent
déjà
perdus
Je regarde par la vitre
sans imaginer
rien qui perpétue
le reflet
de la réalité en arrêt
Puisqu’ils sont là
les jours
plantés dans la terre
Et on les encercle de pierres
pour les retenir de s’échapper
dans le néant
Lieux syncopés
aux soubresauts sans mots
Une rupture informulée
Le retour à la table
perdue
La lampe éclaire les mots
qui s’étaient éteints
avec le souffle disparu
Les mots domptés
ont eu raison des
mots sauvages
L’avenir tient en laisse
le présent
et toute velléité d’être
au jour
le jour
Deux cygnes passent
derrière la fenêtre
Blanc est le silence
de ce côté du bruit
évidant
les corps de leur sang
La feuille froissée ne dira rien
La nuit translucide
Et le vol des oiseaux
Ces temps de mer et de vagues et de galets
recommencent le temps des falaises
Peut-être se passera bien
le passage
Peut-être l’autre
passera-t-il au large
Là-bas de l’autre côté de la mer
il y a une autre terre
Là-bas loin des nuits tranquillement intranquilles
Où rien ne bouge que l’horloge
qui bat silencieusement
le passage
et le passage encore
incessant
sans pitié
Peut-être que la nuit
épargnera le noir
d’encre
Peut-être que la mer battra les falaises
Et les galets
survivront encore
à la vague
et à la vague encore
les oiseaux de la mer
chercheront encore les courants
qui apprivoisent leur vol
Eux qui savent réconcilier
la mer et le ciel
leur corps incessant
comme la vague
qui consent à passer
toujours sur la grève
et cela s’interrompt
avec la brutalité de l’éveil
à ce qui doit
passer outre
maintenant
…/…
…/…
La mer est revenue sur la ville
Et avec elle l’enfance inquiète
de ne pouvoir dormir
La ville encore une fois
a détruit la nuit
Les vagues battaient-elles
la mesure de la destruction ?
Et il fallait croire
que le matin serait
plus que tous les matins
La grâce du temps accompli
accède à la parole
La grâce comme un feulement de l’âme
Et lui le tourmenté de la terre
n’a place dans la pitié
des hommes
Quel qu’il fut
il fut
Quelle renaissance lui rendra l’enfance perdue
Le conte du diable a traversé les mers noires
et le laisse ici
sur la grève sans eau :
J’ai soif à ma blessure
Ma douleur ne passe pas mes lèvres
Mon regard sublime
le vertige de voir
encore ce que je vois
Rien n’arrive
à mes mots
que je puisse aimer
Ou bien ce soleil tranché
à l’agonie
sur la plage ?
Les goëlands guetteurs du vent sur la falaise
lignent la mer
grise
L’invisible se tait
Comme une membrane
indestructible
En haut de la falaise
regarder la mer jusqu’à la fin
Aucun tremblement des signes
ne perturbera la lumière
Le soleil accordé à la terre :
l’horizon originel
Est-il la résurgence de l’hiver
celui qui souille le lieu sacré ?
L’hiver brûlé qui s’achève sous la terre.
Retrouver l’enfant du monde
qui perdit la blancheur des goëlands
Il devient l’effacement
de la vague sur les galets
Caché du monde
Lâché du monde
Là-haut sur la falaise
La conscience et son double
noir
Le cercle de lumière
faseye autour de la parole
L’être et sa chevelure d’inconscient
Son nom de lumière impossible
sans la mort
L’invisible apprivoise l’effroi
peu à peu
Quel nom ce nom
pris aux filets
de l’incessant retour
des vagues contre la falaise
Et les guetteurs annoncent
la ligne de partage de la mer et du ciel
C’est là que commence l’éternité
Dans le regard tranquille des goëlands
Vigiles de l’invisible