HAUT CŒUR DE PIERRE (une pas­sion) – extraits

« ange : la bougie qui se penche au nord du cœur » (R. Char)

Une chose de beauté est une joie éternelle
On ne cesse de l’aimer, jamais elle ne tombera dans le néant
” ( Endymion, J. Keats 1818)

 

 

Ceci est un cri une douce transe
au-dessus des collines trans­fig­urées en pardon
comme lis­sées de la main,
dans la pudeur d’un corps opprimé.
Par endroits, l’ossature étrange (onde blanche),
la voix bleuie d’un ange exterminateur.
Au bour­geon­nement des cimes
le jour enfle,
l’argile s’épure d’une courbe de marbre
les fontaines longtemps taries enflent de nouveau,
se soulèvent.
Du jardin pro­fond, l’eau fébrile descend.
C’est le couron­nement des fées, au fond des forêts sombres,
La langue âpre s’ac­com­plit en allégresse
au milieu des hymnes confondus.

 

 

 

Tes  silences ont pris flamme
dans la cham­bre secrète et j’attends
un accord immuable, immuable, immuable 
caché au creux de ton âme.
Ton vis­age, son reflet sur la vitre
au cen­tre de la pièce voy­age en inertie
et dans la confusion
tes con­fi­dences scabreuses – tu mens

 

 

 

… je sais –out­re le silence
l’approche par ta bouche –cette lumière blessée
que  tu oses
un signe une note plus salée
une incan­des­cente trame, ordon­nance nucléaire
à ma folie imaginaire
ta déci­sion si médiocre
roue pâle très pâle jetée au abor­ds de ma vie 

 

 

 

si peu artic­ulée, je suis,
dés­in­té­grée sur l’onde lisse,
mon je absolue limite,
para­doxe, clef absente
les mots se coin­cent dans ma gorge
fail­lite de l’esprit, chimie du sensible
je vais engen­dr­er l’herbe enclose dans mes viscères
jusqu’au pourrissement

 

 

 

Au com­mence­ment linéaire de ma peur
je demeure, 
cerveau capturé
dans l’emphysème vocal du verbe,
pour­suiv­ie par l’exercice de ma faim
accordée à cette musique muette que tu ne veux plus  déchiffrer
tu me laiss­es, échouée
écume désolée, envolée dans le vent chagrin

 

 

 

rêver dans la margelle
ravisse­ment, bon­heur, vibra­tions physiques,
cathar­sis irrationnelle
math­é­ma­tique du hasard
rien d’impur rien de stable 
tu es toi
entier tout entier
en réso­nance avec ces êtres farouch­es volon­tiers libres
je te suis

 

 

 

 

Lab­o­ra­toire vivant mod­i­fié par les sub­tiles et
vibrantes légen­des dont je t’ai tissé
face à ce qui se dérobe
tu es
bloc de pier­res immuables
liai­son étroite connectée,
pro­gres­sive­ment construite
puis déconstruite,
toute une human­ité blessée
dans le traite­ment bar­bare  du monde

 

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