Hôtel des voyageurs
La fenêtre ouvre sur le ciel
Bleu soleil,
renversant
On y lit le ver­tige, et la fascination
des blancs bateaux glis­sant dans la lumière

Dedans est l’espace du cœur,
l’intime cen­tre de la vie,
peut-être le bonheur
Nous habitons cette cham­bre furtive,
lieu d’étreintes sans lendemains

Dehors est l’inconnu
L’amour est dérisoire, face à la mer,
sou­veraine et brutale
avec tous ses pillards
Elle entre en toi,
te déchiquette
La mer,
pour­voyeuse de désespoir

La cham­bre rétrécit
L’espace du recueille­ment s’étiole
Jusqu’au petit matin
nous serons sans mémoire
L’amour est illusoire

Hôtel des voyageurs
De quel voy­age sommes-nous ?

Quelle aven­ture ?
Mésaventure ?
Nos caress­es n’empêchent pas l’obscur
qui gagne peu à peu

Je voudrais habiter l’univers,
abolir le dedans, le dehors,
rire aux étoiles
et trou­ver le point d’orgue

Je n’ai que cette chambre
Hôtel des voyageurs
 

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