Chevauchez vagues chevauchez crêtes illuminées
                Sable et sel et craie et soleil
     Grande banque de larmes et ses branch­es de sel
Chevauchez vagues roulez jusqu’aux hori­zons blêmes
               Cen­dres et sel et plaie et silence
Inlass­able mur­mure immense émul­sion des âmes en ténèbres
Braise bleue des vais­seaux enfon­cés et des planch­es à croire
    Roulez vagues roulez vos épaules comme les hanch­es salées
             Braise et lune et craie et souffrance
Eclairez blanch­es les déchirures sournoise des ronces de rochers
  Les lumières assas­sines des naufrageurs aux dents d’ombre
Poussez la char­rette hurlante des vents du nord des tempêtes
Roulez vagues hurlez sous le har­nais du souf­fle d’épouvante
               Brume et amble et soie et soleil
Ombres cachées couchées au fond du froid au fond des ongles
     Jusqu’à l’aveugle folie des abimes où dor­ment celles
Qui ont exaucé les rêves de con­quêtes les espoirs magellans
Celles aus­si qui ont enfon­cé le titan­ic et les bar­ques de pêches
      Hurlez vagues hurlez entre leurs seins de sel éblouissez
                Sable et sel et craie et soleil
     Grand champ d’iris au jusant reposé par­mi les algues
        Lais­sez-vous caress­er par ce sable que vous saoulez
Avouez ce sel qui blan­chit vos doigts écumants car voici
L’instant d’écrire aux rochers votre tes­ta­ment de craie
     Acceptez le soleil entre les plis creux de vos robes
Et chevauchez roulez hurlez éblouis­sez l’aube du temps
                    Soleil et craie et sel et sable
      Un monde retourné se défait entre les mains mouillées
      Comme une caresse à l’envers qui sem­ble lasse et nue
Face à l’immense pul­sa­tion dont on ne sait rien d’autre
     Que ce qui bat sous la peau jusqu’au fond du silence
Jusqu’au sang chevauché inter­minable le jour la nuit le jour
                       Sem­ble et pleine et salie et sable
La plage au matin délais­sée les longs doigts bleus posés
Comme les vagues épuisées sur les épaules des sirènes
      Et le cœur est si las au bout des nuits de joues salées
Au bout des rêves hurlés roulés trop grands pour une vie
               Brune et ten­dre et sel et dormante
     Plus de mon­tagnes pour lever les ros­es de l’horizon
  Plus qu’une longe posée sur le sol comme on se donne
Un cheval entre les bras quand sonne le cœur monte la houle
               Bleue et craie et trem­ble et brûlante
    Plus rien qu’un bou­quet d’eau entre les doigts les cils
Et la soif d’y renaitre bien­tôt au jusant les ais­selles en pluie
                       Soleil et crêtes et cris et tempêtes
              Comme on se laisse manger les paupières la nuit.

Pp13-15 (Les sept Hymnes)
 

image_pdfimage_print