il y a des fis­sures dans ma robe bleue
comme dans mes lèvres rousses
le vent marin emporte les dernières graines du soir
et les vols de cygnes dis­parais­sent au-delà des îlots lointains

deux goé­lands sont assis sur l’escalier de ma tour
le plus petit c’est toi
le bec ébréché
l’air bougon

tu dis que ces coquilles d’œuf ne vien­dront jamais
qu’il n’y aura ni pépiements d’oisillons ni pre­miers envols
au-dessus de la terre blanchie par la neige

et pour­tant tu reviens chaque matin
manger au creux de ma main
et chaque soir boire à ma fenêtre
de la glace fondue

 

(Simu­napäev, 2003)

Traduit de l’estonien par Antoine Chalvin

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