Immenses
Dalles de pierre
Si j’entre dans l’estomac d’Osiris
Ses entrailles gron­dent de ce passé
Des forces souter­raines               grande humid­ité après tant
De siè­cles on ne respire plus après tant de siè­cles           montée
Tou­jours plus abrupte comme les pre­miers jours d’école, pas d’air à respirer,
comme le pre­mier exa­m­en,     comme le pre­mier décollage
en avion        comme la pre­mière anesthésie
Totale obscu­rité, peur
De ne jamais arriver
Au sommet

Je me presse      mes jambes
Me mènent vers le haut
Je gravis le som­met et m’aperçois
qu’il n’y a rien là haut         sinon le vide cel­lules vides, tombes
Dépouil­lées de leur gloire, murs humides, geôle puante je baigne
dans ma sueur, ain­si la vie récrit mon premier
Man­u­scrit avec mon pre­mier éditeur
Ses yeux et puis
L’obscurité puis
La première
Dispute
Entre amants,  puis je descends
La pyra­mide,   la dévale,   me tapit
et rampe le long des dalles de pierre érodées         on ne devrait
pas s’embarrasser du passé,          on ne devrait pas déranger les morts.
Descente à pic et rapi­de quand on a été instruit
Tout devient aisé plus tard on apprend à
Men­tir avec l’âge à moins d’être
Puri­fié par l’entourage
D’une dalle de pierre
D’herbe fraîche
Et d’une
Cham­bre vide
Tant de gens vivaient ici
Tant de vies édi­fièrent cette pyramide
Tant d’espoirs, tant de peurs       sus­citées par un tel non-sens et
Tant d’ignorance,    je dévale tou­jours plus vite cette enceinte
La descente sem­ble se faire plus rapi­de­ment que la mon­tée toutes
deux n’ont aucun sens. Nous sommes abordés
Par une machine qui suspend
Les souvenirs
Et par
Néfertiti
Qui amasse les pierres
Devant l’entrée mais rien
Ne sub­siste plus.    Ici,  les dalles de pierres
restent impa­vides, elles sont nues et tous les tré­sors envolés
Pour prou­ver que l’objectif était le voy­age en lui-même et
Non l’effort d’apprendre
Quelque chose
De nouveau

 

Traduit par Vin­cent Broqua
 

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