James Andrew Emanuel, qui n’était pas peu fier de dire qu’il venait du Nebras­ka, est né en 1921 à Alliance. Il a qua­tre frères et deux sœurs et se sent pleine­ment fils de l’Ouest. Il entame des études sec­ondaires, se loue dans des ranchs, quitte défini­tive­ment sa cam­pagne en 1939 et s’en va tra­vailler en ville. L’intellectuel qu’il est, vic­time de la dis­crim­i­na­tion lors d’un exa­m­en dont on truque les résul­tats en sa défaveur, s’engage en 1942 et devient, à Wash­ing­ton, secré­taire par­ti­c­uli­er du pre­mier Africain-Améri­cain ayant accédé au grade de général dans l’Armée améri­caine. Il porte l’uniforme dans les mers du sud jusqu’en 1946. Le pas­sage par l’armée lui ouvre les portes de l’Université : B.A. en 1950 ; M.A. en 1953 ; Ph.D. à Colum­bia (thèse sur Langston Hugh­es). Mar­ié en 1950, père en 1954, enseignant au niveau uni­ver­si­taire à New York en 1957, il y gravi­ra le rude chemin de la dis­crim­i­na­tion, insi­dieuse, ouverte et quo­ti­di­enne, et fini­ra par se lancer (au prix de maints déboires) dans la poli­tique en 1966. Son antholo­gie, écrite en col­lab­o­ra­tion avec Theodore L. Gross : Dark Sym­pho­ny ; Negro Lit­er­a­ture in Amer­i­ca, a fait de lui un pio­nnier et ouvert à une généra­tion entière d’étudiants, à par­tir de 1968, un domaine jusqu’alors ignoré par les uni­ver­sités américaines.

Sa pre­mière œuvre poé­tique majeure : « Son­net for a Writer » est pub­liée en 1958.

Il réside à New York et aux alen­tours de 1961 à 1968, milite et ne cesse de pub­li­er. Il obtient une bourse Ful­bright et passe l’année sco­laire 1968–69 à l’Université de Greno­ble : pre­mier change­ment d’air, néces­saire, bien­venu, mais dévas­ta­teur dans le domaine de sa vie privée.

Mal­colm X est assas­s­iné en 1965, année où est pub­lié « The Negro ». James pub­lie Pan­ther Man en 1970. 

Il passe deux ans à l’Université de Toulouse de 1971 à 1973, un an à Varso­vie en 1975–76. En proie à de graves dif­fi­cultés con­ju­gales et après le sui­cide de son fils en 1983, il quitte défini­tive­ment les U.S.A. et s’installe à Paris. Il cour­ra le monde et ne cessera de don­ner des récitals.

Les pub­li­ca­tions majeures se suc­cé­dent : Black Man Abroad, 1978 ; A Chis­el in the Dark : Poems Select­ed and New, 1980 ; A Poet’s Mind. The Bro­ken Bowl (New and Uncol­lect­ed Poems), 1983 ; Dead­ly James and Oth­er Poems, 1987 ; Whole Grain: Col­lect­ed Poems 1958–1989, 1991 ; JAZZ from the Haiku King, 1999 ; The Force and the Reck­on­ing, 2001.

 

James décèdera à Paris en sep­tem­bre 2013.

Mes­sage reçu après avoir annon­cé le décès de James à quelqu’un qui l’avait con­nu à Lon­dres et à Paris :

 

Cela nous attriste vrai­ment beau­coup. C’é­tait quelqu’un de vrai­ment excep­tion­nel. On se sou­vien­dra, bien sûr, de son tal­ent, de son his­toire incroy­able, de la douleur qu’il por­tait en lui, et de bien d’autres choses, mais aus­si de sa mod­estie, de son sens de l’hu­mour, de sa déli­catesse.  Il avait la classe, comme on dit.  They just don’t make them like that any­more.

 

https://www.recoursaupoeme.fr/essais-chroniques/james-emanuel-po%C3%A8mes-traduits-et-pr%C3%A9sent%C3%A9s-par-jean-migrenne/jean-migrenne

 

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