Jean-Luc Sigaux (né en 1951) est l’auteur, avec Cather­ine Rabedon, d’un essai de référence, Simone Weil, mys­tique et rebelle (Entrelacs, 2009) et de neuf livres dont La brûlure du mer­le (2003) ou L’averse bleue après la peur (2006). Et la louange d’un grand soleil est une antholo­gie qui balise son œuvre poé­tique allant de 1983 à 2012, sans nég­liger les inédits. Jean-Luc Sigaux, comme l’écrit Louis Foresti­er dans sa pré­face, nous pénétrons dans une sorte de chaos des orig­ines : Le soleil s’ébroue au milieu de l’orage — et les orges bour­don­nent d’arceaux de sève. Au début est la froideur d’un univers stel­laire, habil­lé de désar­roi et d’obscurité (Dans l’obscurité étouf­fée de lianes et tour­men­tée d’insectes) ; monde de bruit et de fureur dans lequel l’être se débat avec ter­reur (L’absence de bruit et la clô­ture de bar­belés — Agressent les dalles de basalte où tu sèmes le feu), avec ses angoiss­es (Une nuit polaire s’attardait et glaçait tout). « Mais », nous dit juste­ment Foresti­er, « cette voix dit qu’un ordre peut se sub­stituer au chaos. » Suc­cé­dant à l’atmosphère noire et glacée des pre­miers livres, l’œuvre de Sigaux se hisse peu à peu, de l’abîme ini­tial vers le solaire (J’ai brisé le miroir et tu fus à moi). L’amour, au sens large, pré­domine (Tu m’émerveillas. — Je fus à toi comme le soleil cog­nant sur les vit­res) ; le désir prend le pas sur l’instinct de mort (La mort m’assaille sans me vain­cre… Ton regard me ren­dra le plein jour). Imbibée de mys­tique (Seule demeure la parole véri­ta­ble venue de l’insondable), la poésie de Sigaux accorde une grande impor­tance au rythme. Il est large­ment ques­tion de sons, d’harmonie, d’alto (titre du pre­mier livre), d’allegro, de scher­zo… L’allié sub­stantiel du poète, c’est le musi­cien. De la musique avant toute chose, procla­mait Ver­laine. Sigaux l’a enten­du plus qu’aucun autre, et Guer­ni­ca éclate dans la cas­sure des vio­lons.

 

image_pdfimage_print