Commençons par saluer le beau travail des éditeurs, Josette Ségura et Eric Dazzan. L’Arrière-Pays, fondée en 1992, a déjà de nombreux recueils dans son catalogue. Citons quelques-uns des poètes édités : Jean Malrieu, Gaston Puel, Pierre Gabriel, Gilles Lades, Pierre Dhainaut, Bernadette Engel-Roux et Jean-Pierre Metge.
Le titre du recueil de Jean Pichet donne au lecteur une idée de ce qui l’attend. Nombreux sont en effet les mots qui se télescopent dans ce livre : les blessures chantent, la douleur est un parfum, la roche est tendre… La plupart des poèmes sont courts. Ils saisissent un instant (d’effroi, de rêverie). On imagine le poète contemplant la nature. Il se tient au bord de l’eau, à l’aurore – celle d’une rivière, d’un fleuve, d’un lac – ou au cœur d’une forêt, la nuit. Il s’adresse à quelqu’un parfois : une absente. La parole, chez Jean Pichet, a le pouvoir de faire surgir dans le réel les choses et les êtres nommés, de rendre visible et présent ce qui, une seconde plus tôt, semblait à jamais disparu.
Toi qui n’avais rien d’une fleur, tu es fleur
Devenue, comme sage on devient,
Dans les temps où la sagesse est impossible.
Jean Pichet traque les miracles, en somme.