Jean-Pierre Védrines

Par | 26 septembre 2012|Catégories : Blog|

Jean-Pierre Védrines est né en jan­vi­er 1942 à Lunel (Hérault). Poète et romanci­er, il est Prési­dent de l’association la main mil­lé­naire et dirige la revue du même nom. Ses derniers ouvrages : Passeurs d’humanité, le bruit des autres (2011) et Ter­res de sel, Edi­tions Lucien Souny (2011).

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Jean-Pierre Védrines

Par | 26 mai 2012|Catégories : Blog|

Passeurs d’hu­man­ité. Der­rière ce titre poly­phonique se cache un regard hum­ble sur les êtres et les choses, un regard dis­cret et bien­veil­lant, atten­tif aux détails qui révè­lent beau­coup, atten­tion­né envers les tré­sors presqu’in­vis­i­bles que les hommes et les femmes por­tent dans leurs silences et leurs gestes de peu.

Les passeurs dont par­le le poète Jean-Pierre Védrines, ce sont les per­son­nes croisées au fil du quo­ti­di­en, le vieux taiseux affairé à répar­er les filets de pêche, et met­tant un point d’hon­neur à accom­plir sa tâche dans la dig­nité de sa soli­tude ; c’est la dame au fagot char­ri­ant dans son sil­lage la charge de l’hiv­er ; c’est le liseur psalmodi­ant son rythme intérieur à la ter­rasse du café, c’est la bergère heureuse de par­ler dans ce que l’on nomme un patois et qui est une langue, c’est le vis­age dénué de la marchande d’an­guilles, etc…

Ces passeurs, ils sont ceux qui trans­met­tent la part quin­tes­sen­tielle de leur human­ité indi­vis­i­ble. Ce sont aus­si, dans une accep­tion plus clan­des­tine, ceux qui, noc­turnes, con­duisent à l’abri et sauvent la meilleur part de l’homme.

Dans cette ver­sion des choses, c’est le silence qui prime sur le dis­cours, c’est la preuve du geste sou­verain et noble qui ouvre l’e­space con­tre les fauss­es human­ités, ce sont les regards, les sourires, la pau­vreté con­sen­tie comme un tré­sor, les paroles choisies qui investis­sent les êtres dans le grand corps humain.

Ces cro­quis en prose de Jean-Pierre Védrines dis­ent en réal­ité beau­coup sur ce qui arrive en ce moment même au monde. Ils dis­ent la part insé­ca­ble dressée au fond des êtres sur­gis de la terre comme des arbres, façon­nés sur le tour des saisons, polis aux vents, cette part qui est une épée rel­e­vant l’homme, cette part qui est une petite flamme pro­je­tant sa lueur con­tre tout ce qui tente d’at­tein­dre le cœur humain des hommes.

Védrines dit, en con­trechant d’un monde boulever­sé, à con­tre­jour d’un monde bous­culé en son human­ité même, en ce qui établit l’hu­man­ité du monde. Cette parole est poème en son apparence de retrait. Elle ne bal­bu­tie pas, elle mur­mure, chu­chote à l’or­eille com­pagne qu’elle ne parvient pas à attein­dre les mots pour com­pos­er le chant. Et ce faisant, elle devient chant.

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