La lumière
la lumière minuscule
qu’une aile de gril­lon dévore sur les toits
elle ne tra­verse pas la fenêtre
Dehors elle bénit le désastre
et elle est impuissante
elle est trop faible
pour choisir le bou­ton qui con­vient à la bou­ton­nière décousue
pour attach­er les chameaux rebelles
qui ne passent pas par le trou de ton aiguille
mais tu essaieras à nouveau
même dans la pénom­bre de tes siè­cles à venir
avec des mains rhu­ma­ti­santes si tu le souhaites
sans que rien ne rappelle
la douceur végé­tale de ce matin
tu reviendrais
debout sur le rêve le plus sombre
avec une robe pour linceul

 

Poème traduit de l’espagnol (Colom­bie) par Rémy Durand

 

 

La cos­tur­era

 

La luz
la minús­cu­la luz
devo­ra­da en los teja­dos por el ala de un grillo
no cruza la ventana
Afuera está ben­di­cien­do el desastre
y no alcanza 
no es suficiente
para encon­trar botón con­forme a ojal descosido
para atar los camel­los resabiados
que no pasan por el ojo de tu aguja
pero volverías a intentarlo
aún en la penum­bra de tus sig­los venideros
con las manos reumáti­cas si quisieras
sin nada que recuerde
la veg­e­tal ter­sura de esta mañana
volverías
lev­an­ta­da en el sueño más oscuro
con el vesti­do por mortaja.

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