Sus­pendu à la fenêtre, un petit coin d’azur délim­ite leur ultime royaume.

Lui, allongé, pro­tège sous ses paupières bleutées cette présence qui lui restera fidèle jusque dans le silence de sa douleur. Elle, immo­bile, lui donne la main tout le long du jour pour retenir leur amour désor­mais funam­bule. Puis, rassem­blant ses forces à la tombée de la nuit, elle range avec soin ce qu’il reste de leur intim­ité, linge taché, jour­nal frois­sé. Ce soir encore, elle cède sa place à ceux qui veil­lent sur les corps nus et les rêves inertes des nuits cap­tives. Sen­tinelles en blous­es blanches.
Au dehors, tan­dis que son tran­sis­tor lui par­le d’un monde qui l’exile, elle nour­rit sa soli­tude d’un morceau de pain et d’un bol de soupe.
Rite quo­ti­di­en jusqu’à cette nuit sans étoiles où elle lut dans les déchirures du ciel le reflet de leur inéluctable sépa­ra­tion. Ce soir-là, l’ange en bois accroché au-dessus de son lit, pro­tégea sous ses ailes les brisures azurées de sa souf­france. A cet instant elle écou­ta, dans l’unique mys­tère de cette nuit, l’Espérance s’unir à son hum­ble prière.
 

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