ombres de la nuit
à l’abri des regards
bat­te­ments d’aile
ani­mal­ité de l’imagination
étonnement
gong
l’esprit de l’animal
se cristallise

méta­mor­phose inépuisée
sif­fle­ment de la salamandre

plus loin
le vivant
se déplace d’un son
silence
l’écriture de l’absent
la mélan­col­ie du soir
l’ombre errante
perd sa place

l’hospitalité offerte des branchages
oubli de la feuille
la feuille intérieure
la main du bois
l’âme de la pierre

dans la chevelure du soir
le feu ténu
de la trace

laisse aller le son
le verbe de lumière
jusqu’à l’arbre
jusqu’à l’étoile dans le ciel

le lan­gage vient de loin
pour dire sa vérité obscure
absolue
quelque chose passe dans la res­pi­ra­tion de l’homme

attache-toi
à l’insondable

attache-toi à l’instant de la feuille déployée
à la nais­sance du bourgeon

com­ment dire l’océan de la ramée
son tracé ouvert
la lente vérité de la sève qui monte
le flot ardent de la braise l’été
le courant du vent fou
la voix lointaine
aux mur­mures embrasés

dans la forêt ancienne
le tam-tam de l’eau
invite l’herbe ten­dre à la danse
facilite son appar­te­nance à la terre
espoir bal­bu­tiant de l’éveil
il vient du soleil
l’oiseau essentiel
de la brûlure du feu
de la brisure du vent
feuilles feuilles
nous voici libres
et la musique
le son premier
nous recommence
nous sommes atten­tifs aux berges du fleuve qui se reconnaissent
aux mur­mures grisés
par l’odeur de la terre

quand soudain
surgit
à la pointe du cœur

le pays enseveli
renaissant
il par­le une langue au rythme aquatique

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