Le mirac­ulé un beau jour
s’en revint au pays
son astro­labe à la main
Sans hâte il conduisit
sa cha­grine per­son­ne au palais
Nég­ligeant de se prosterner
et d’empoussiérer les rares paillets
qui coif­faient son crâne il débita :
Mansa c’est en pleine mer
que nous avons con­nu notre destin
Tous mes chers compagnons
(ils étaient six mille courages
Ils étaient six mille radiances)
furent pris dans un courant marin
large et défini­tif comme un Djoliba
que gon­flent les pluies de saison
Las qu’advint-il de vos équipages…
quel gouf­fre les dévora…
Furent-ils sait-on jamais
emportés jusquà l’autre rive…
Haute était la vague
et plus haute encore l’espérance
Un reflux soudain
et notre navire s’efflotta
qui par extraordinaire
était en queue de convoi
Mon corps survécut
(Dieu seul sait du pourquoi le comment)
mais ne cherchez point le reste de moi :
ma spongieuse d’âme est boulée sans séjour
aux mornes arènes du souvenir
et mon dou­ble ploie
sous le fardeau du vide

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