à Jean-Louis Guilhem

 

La pente est si forte et le souf­fle si court. Le soleil est trop haut pour qu’on puisse par­ler. La route en crue inonde les fos­sés. La terre a bu le ciel et la lumière a pris toute la place. On ne sait pas pour quoi on est venu au bord du trou béant, ni ce qui restera de la beauté des choses après le mas­sacre des couleurs. On voudrait être avec les autres, enten­dre ce qui se dit der­rière le talus. On voudrait fer­mer les portes, retenir les nuages qui passent et ne s’arrêtent pas. Si l’on pou­vait ren­tr­er, on enfouirait sa tête sous les coussins le temps que la nuit ait tout réparé.

Les Fugi­tifs
 

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