Au-dessus des maisons, par-dessus tous les toits
Au-dessus de la ville et hors de toute loi
Au-dessus des forêts là où la lune luit
Au-dessus des mon­tagnes où le ciel est sans bruit

Il me faut à tout prix, enfin devenir sage
Me dépar­tir de moi et sor­tir de ma rage
Loin de toutes les guer­res et par­tant de la haine
Qui fleu­rit chaque jour et sur toutes les scènes

Réus­sir l’ascension au-delà des chimères
Par-dessus les embruns tour­men­tés de la mer
Libre des élé­ments, hors de la pesanteur
Sans rien savoir du Styx et sans en avoir peur

Pour sub­limer mon âme au-delà de l’éther,
Épur­er mon esprit, vivre libre dans l’air
Comme l’oiseau qui plane au-dessus de la mer
Respir­er l’air des pics, m’éveiller et me taire

Pour mieux appréhen­der le monde qui secrète
Le som­meil et le deuil, le mal­heur et le feu
Et oser affron­ter le regard douloureux
Des hommes, leur can­deur et leur pudeur secrète.

 

    Extrait de « La fugue en émoi »
 

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