Après l’âge d’or de l’enfance

                                                Après celle pleine de fruits (au moins en enseigne­ments bons pour les autres si ce n’est aus­si pour nous-mêmes),
Après celle rem­plie de rouille et de cam­phre de la vieillesse
Nous attend tous
Jusqu’au dernier
L’âge du silence.

 

Ça se passe dans le ven­tre même
Engen­drant tous les temps et les saisons
Dans le berceau de tout ce qui naît
Dans le ven­tre de la terre
Lorsque nous fusion­nons avec lui,
Et lorsque nous fab­riquons silen­cieux comme lui, comme des plantes
Les futurs âges de l’humanité
Que nous allons ensuite regarder depuis les profondeurs

 

En nous immergeant douce­ment d’encore un cran
Vers le cré­ma­to­ri­um central
Tou­jours plus loin du mou­ve­ment et du bruissement
Du tumulte et du mouvement
Jusqu’où le mou­ve­ment n’est plus
Qu’un point
Un seul point incandescent
En se con­som­mant et en s’élaborant tou­jours lui-même
Sous le toit fam­i­li­er et vaste du silence absolu.

 

Ce poème fait par­tie du recueil inti­t­ulé Le Vers Libre
(Edi­tu­ra Tinere­tu­lui, Poèmes 1931–1964)

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