[extrait]

Laisse opère une sorte d’en­fer­me­ment archi­tec­tur­al qui se man­i­feste sous la forme d’un bloc de texte con­tinu de bout en bout. Si l’une des fonc­tions actives de ce réc­it est la com­pres­sion, il s’ag­it de la com­pres­sion non seule­ment d’un corps dans un lieu con­trôlé, mais des espaces pos­si­bles dont ce même corps est impres­sion­né, et sur lequel les pres­sions de la vio­lence his­torique et les cat­a­stro­phes qui lui sont reliées se pré­cip­i­tent. C’est cette chose qui est respon­s­able qui se détache du texte, faisant sa pro­pre impres­sion dans les lieux attenants. À la lim­ite, la pièce est finie. Mais ce qui entre, à tra­vers le corps de la voix par­lante, ori­ente la pen­sée hors de ses con­fins vers une con­science exac­er­bée de brèch­es infinies. Il ne s’ag­it nulle­ment d’un seuil: mais d’une col­li­sion réitérée qui dément la pos­si­bil­ité de la situation.

Autrement dit : il y a une pièce, et il y a une guerre.

 

[…]

… Ce n’est qu’une imag­i­na­tion… Les toi­tures crèvent le ciel… Il accroche les chem­inées… Je pense à une archi­tec­ture invis­i­ble… Le haut lieu du bâti­ment… Sa dis­sim­u­la­tion… L’œil gauche embrume et déforme… Un cer­cle noir est vis­i­ble au nom­bril… La mal­adie durcit la couche inférieure… J’y vais… Les pre­miers jours il y a un espoir fou… Une série de petites explo­sions… Ils se propa­gent de l’intérieur… La lumière est faible et les organes se raidis­sent et pren­nent la forme de petits cail­loux… La fragilité en fait une plus grande beauté… Les vit­raux écla­tent en de petites par­tic­ules… Une charge d’infidélités… J’y vais… Le son monte des planch­es… Une mèche en crin de cheval tirée sur une corde ten­due… L’effort exigé… Arracher un son à une gorge de bois… Les fenêtres d’un vil­lage entier ont été con­damnées… Et les maisons embal­lées de plas­tique… Je tra­verse le vil­lage et tire le ciel à moi afin de m’en recou­vrir… Nous recu­lons devant cette absence… Le soupir de la terre meur­trie sous nos pieds… Les bars sont tout de même comblés de bagar­reurs… Je ne dors pas avant l’aube… C’est plus sûr ain­si… Loin du sang figé dans les tem­pes… Hin­demith ou Rach­mani­nov… Quel est le nom de la jeune femme entre les murs de la prison… Le jardin n’est pas encore plan­té… Le marais fait signe… Les morts que nous espérons… Nous affa­mons les par­ties qui lais­sent désir­er… Une con­vic­tion… Les par­ties des­ti­tuées… Les taisons… Quelle est cette chan­son… Une sai­son fer­mée sur le corps d’un chien… Que vais-je errer… Les par­ties affamées et désir­antes… Les énon­cés délais­sés… Nous les avons dits… Que les plaisirs nous usent… Allez-vous sou­vent… C’est de la sim­ple mou­ton­ner­ie… Les plat­i­tudes… S’avancer sur le quai… Voilà l’acte le plus sim­ple à accom­plir… Mais y demeur­er… Tu me dévis­ages… La promesse du même cadeau est faite… Que devien­dront les corps… J’ai rompu avec tout… Tout rompu… Ces quelques choses… Une pierre turquoise ramenée du Maroc… Une bague en argent de l’Afghanistan… Un tapis usé jusqu’à la corde… Ma sœur me veut du bien… Le temps des reli­gions est passé… Une croy­ance quel­conque… Les frères bat­tent les sœurs… Les mères les fils… À la fron­tière le douanier demande à voir les papiers… Au nou­veau monde le corps est désigné d’une men­tion sup­plé­men­taire… Et leur octroi… Je reçois la per­mis­sion… Com­ment te l’imagines-tu … L’os cassé en deux morceaux dis­tincts… Une frac­ture plus totale… Un mem­bre qui adopte une posi­tion sin­gulière… Je défends les filles… Je tire les noms de villes d’un cha­peau… C’est ain­si que je déter­mine la tra­jec­toire… Nous atten­dons… Au bord d’une route… Graviers… Quelle con­damna­tion pour s’être com­porté… Nous avons dor­mi dans un lit étroit… À présent il y a un sur­plus d’éloges… La preuve est dans le déhanche­ment des jeunes lib­ertins… Et le biais des nou­veaux bâti­ments… Les amants se livrent tous éventuelle­ment au despo­tisme… Dans le guide cham­pêtre des réminis­cences je trou­ve un pas­sage con­sacré unique­ment à la dévo­tion… La lumière bleue du cré­pus­cule… Tombe sur un flanc exposé… Les tour­ments de l’obsolescence… La langueur tur­bu­lente des champs de blé et des hérons penchés sur des marécages… Les jeunes qui se cisail­lent le cœur… Les frot­te­ments… Les bastin­gages… Le bouil­lon­nement… L’histoire est la même croy­ance en chantiers navals et en fel­la­tion… Le tout me pénètre par bégaiements… La rai­son est dans l’incrédulité… Ce qui sera lorsque les corps tombent malade… Je ne peux pas à présent… Les symp­tômes sont manip­ulés de façon experte… Je touche seule­ment ce qui ne peut pas être touché… La vapeur se dégage du bitume au petit matin… Je recon­nais le matin par la mal­adie dans le corps… Les geigne­ments m’accrochent… Pourquoi insistes-tu… Il y a sept villes non armées… La pre­mière est aban­don­née… La sec­onde est muette… La troisième est oubliée… Les autres sont une fan­taisie… J’ai vis­ité cha­cune d’elles et ne con­serve rien de ces ren­con­tres… Les coor­don­nées ont été inven­tées pour de telles cir­con­stances… Et les séquences de chiffres… Les taux de pla­que­ttes… Les divinités méprisées… La bouche imite un seuil… La parole provient de cette inad­ver­tance… Les endroits com­primés retournés sur eux-mêmes… La nuit il y a des hurlements et le jour ça con­tin­ue sans s’atténuer… Les dérange­ments sont ren­ver­sés… Et les eaux sont engorgées par tous ces corps… Je voudrais qu’on me démente… Je suis les empreintes lais­sées par les sabots des poneys sauvages dans le bour­bier d’ajoncs en décem­bre… Quelle est la dis­tance d’ici à la porte… D’ici à n’importe quel lieu… Il y a un fris­son dans les murs qui se trans­forme en res­pi­ra­tion… Est-ce de l’argile ou du grès… Tu préfères que rien ne soit divul­gué… Enfon­cé dans la peau par une déchirure mais tout de suite recousue et recou­vert… Sans référence… Les par­ties con­sti­tu­tives d’une toi­ture sont séduisantes… La chem­inée ou le papi­er goudron­né… Para­pet… Tour d’eau ou tuiles… Avant toit… Girou­ette… Les paramètres qui démar­quent l’espace entre le rail et rien… Dérive… Les sépa­ra­tions sont illu­soires et nav­i­ga­bles à pied… Qui s’envolera et qui se lèvera… Que l’amant m’ait fait penser à la mer… Que la langue man­quante soit dev­enue la pre­mière rai­son pour la dis­pari­tion… Que le corps ait dis­paru dans la mar­que qu’il s’est faite… Que le bat­te­ment ne m’ait pas réveil­lé mais ait pour­suivi son bat­te­ment… Que la sin­gu­lar­ité ait été théologique­ment dou­teuse… Et le ron­fle­ment érein­tant… Que le texte ait brisé sans accu­sa­tion… Les par­ties éclatées retrou­vées et rassem­blées… C’est sans cir­con­stance… Ce que tu fais de la folie de l’écart… Je n’ai pas peur de ce qui est délié mais de ce qui relie… Les lam­beaux de gaze se détachent lâche­ment du cadre déchiré… Jau­ni… Le corps s’élance loin de son lieu… Quelle est cette chose que tu dis tou­jours… Pas besoin de le répéter… J’ai le texte ici quelque part… Dans une poche ou cousu à l’intérieur de ma chemise… Il se résume aisé­ment… La voie est divisée… La let­tre n’est pas envoyée… Le train ne quitte pas la gare… La rue s’assombrit… Elle se couche décou­verte… La riv­ière s’élargit… L’homme arrive… L’amant est impuis­sant et sans orne­men­ta­tion… Nous sommes nus pour le moment… Je t’accorde ce seul tour­ment… Les autorités les ont sex­ués et ils sont morts… J’étais le forni­quant… Tu as été avisé… L’amour… Ce n’est rien… La chose me tripote… Ce n’est pas que l’inconstance… Les march­es sont numérotées pas comp­tées… Neuf ou douze sans excep­tion… Elles sont longues comme des années… J’accélère le pas… Ça me colle à la peau… Au désert je l’imagine épluché… Toute une longueur… Dépouil­lé de sa per­méa­bil­ité… La promesse d’un sens est faite… Je le rejette… Il me rejette le pre­mier… Je n’ai jamais pu sup­port­er les instru­ments à bois… Les instru­ments à cordes les rendaient sup­port­a­bles… Il y a du sang dans les sell­es dans le muse­au… Les poumons sont per­cés… Je le flat­te… La dis­tance est inaltérable… Je fais le décompte… L’épanchement… Des théories de syn­chro­nisme sont inscrites… Dans la bib­lio­thèque le gar­di­en ambu­lant arrache les clients du som­meil… Arrache… Arrache… Bal­aient les lecteurs dor­mants dans la rue… Tour­bil­lon­nant… Par sim­plic­ité les guer­res devi­en­nent une guerre… Et elle est décriée… Per­son­ne ne quitte les maisons… Les rues se vident et c’est une façon d’envisager leur indé­ci­sion… Elle incite des moments d’inhabileté… Le silence non de l’oubli… Les mas­sacres la médi­ocrité… Nous sommes debout d’un côté ou de l’autre… La brûlure la meur­tris­sure la… Je nég­lige la bor­dure… Nous sommes debout d’un côté ou de l’autre d’une tra­ver­sée… Du nom­bril à l’aine et mon­tant… Qu’est-ce qui est-ce… La chose explose hors de moi… Ouvert ou fer­mé… Je t’embrasse tout de même… La chose toute puante… Enfon­cée dans les planch­es fléchies de bois… Une marge qui serait gran­u­laire… Incré­men­tiel… Elle est défaite du pili­er du champ du… Pas en lam­beaux mais en miettes… Décon­sti­tués et mal rap­pelés… Main­tenant le corps est un os qui accroche la peau… Même pas ça… Tu insistes pour que ce soit autrement…

[…]
 

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