Il attend la mon­tre au poignet l’heure qui vient
A force de tra­vail, il a foulé sa mon­tre et son poignet.
C’en est fini pour lui de la vie de bohème. Les chronomètres
Aus­si l’attendent dans les couloirs de l’usine.
Les machines-trans­ferts giclent d’huile,
Les press­es à emboutir courent à grande vitesse der­rière lui.
Elles doivent écras­er mille tonnes de plaques d’acier
Pour for­mer les armures, les den­tures, les allures des bolides
Qui tra­versent les routes et les villes, les champs et les forêts.
Nul ne con­naît le sens de la marche.
Mais que les machines roulent à droite ou à gauche, en avant ou en arrière Pourvu que les tôles suiv­ent l’énergie des moteurs ;
Les sens et l’essence les alimentent.
« C’est l’heure ! » vient lui dire le garde au bon­net rouge.
Alors il quitte la tour obscure et se dirige vers l’usine,
Puis l’aéroport pour mon­ter dans le supersonique
Qui du ciel débor­de les lim­ites et provoque l’horizon tout en flamme.
La roue mag­ique du soleil éclate dans la presse fluide. 
Et le ciel noircit de l’obscurité trans­portée de rayons.
Elle détru­it la lumière car c’est le grand trou noir
De l’industrie qui façonne la nuit de la galaxie.
Les étoiles se pour­suiv­ent dans le ciel glauque.
Et pour­tant le pres­soir stel­laire est par­ti en fumées et en vapeurs
Ali­men­tant de ses jus brûlants les cuves des planètes
Qui ne savent rien de l’hiver ni de l’été.
Mais per­sévèrent dans les immenses orbites des voyages,
Orbites paraboliques voire hyper­boliques comme ceux des comètes.
Trans­ports en com­mun nou­veaux qu’empruntent les voyageurs,
Le tourisme se développe enfin dans l’univers,
On a sur­mon­té des tem­péra­tures les dif­férences catastrophiques
Le voyageur tourne son regard vers une géométrie inconnue
Et se réchauffe le cœur à la vitesse des années de lumières.

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