D’Elle à peine émue
Se pare la let­tre de givre

Dira-t-elle oui
Au loup du soir
À la longue attente

Ce signe
Cette per­le qui fond
À la vue d’une coquille ?

Le tri­bun déjà se fane
Lorsque le manège se tait
Dans l’éther
De son souf­fle à Elle

Ne pas nuire aux colombes
Qui fêtent la femme
Dans l’immensité désuète
Du désert d’orties.

Et le faon se meurt.

Tel un noyé
Échoué sur les coraux

L’arbre brisé en lui
Sur les angles de la matière
Le voilà ce bel amant
Si fier en sa manière

Ago­nisant entre deux râles
Dans le lagon de sa conscience

Et Elle
Fleur des îles
Guir­lande de lotus dans l’orage
De son ven­tre Elle illumine

Phare de sa destinée
Elle l’aura con­sumé dans la flamme
De sa lampe – il n’est plus ou si peu
Qu’un souvenir.

Couleu­vre sifflant
Dans les hautes herbes brûlées de neige
Chant brisé d’une cer­taine liberté
Au soleil de ses doutes

La voilà éprise de plaisir
Aux moissons de sa peau

Matière de soie
Déportée sur la matière de roche

Pour dire que son corps
N’est que vio­lon de l’âme
Plongé dans le cyclone du songe

L’aspiration abyssale
Lui offre ce fameux plaisir

Pour mieux le recevoir
Le magnifier.

 

 

gravures orig­i­nales de Jacque­line Ricard,
3 livrets sous cof­frets, 20 exem­plaires, Paris, Édi­tions de la cour pavée, 2013 

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