Le Jour­nal des Poètes, revue que nous aimons à défendre en nos pages, a fait sa mue, pour des raisons qu’il ne nous appar­tient pas d’évoquer ici. Le revoici, sans vraie rup­ture de fond, parais­sant main­tenant dans le cadre des édi­tions Le Tail­lis Pré emmenées par le poète Yves Namur. La direc­tion du jour­nal devenu formelle­ment revue (une réus­site) est tou­jours assumée par Jean-Luc Wau­thi­er, poète dont nous appré­cions aus­si l’atelier, et qui col­la­bore à nos pages, accom­pa­g­né de nom­breux poètes que les lecteurs habitués de Recours au Poème con­nais­sent bien, pour la plu­part du moins : Thier­ry-Pierre Clé­ment, Jean-Marie Cor­busier, Marc Dugardin, Philippe Mathy et Lucien Noullez.

Jean-Luc Wau­thi­er donne un édi­to­r­i­al en ouver­ture du vol­ume, par lequel il prend de la hau­teur. On recon­naît aus­si les poètes à cette capac­ité ver­ti­cale : « Chaque revue de poésie est tra­ver­sée de courants pro­fonds et souter­rains qui for­ment leur empreinte. Toutes, selon l’heureuse for­mule de Pierre Seghers, demeurent les lab­o­ra­toires vivants de la poésie. » Com­ment, en nos pages, ne pas souscrire à cette fine façon de dire que… per­son­ne n’a à s’approprier quoi que ce soit de la mémoire vivante de la poésie – et en par­ti­c­uli­er l’empreinte de Pierre Seghers ?

Le Jour­nal des Poètes est le con­traire des petites sectes qui se dévelop­pent par­fois au sein du petit « milieu » de la poésie, et c’est pourquoi nous nous sen­tons en affinité forte. 

Le « coup de cœur » de la revue donne à lire sur Pierre Dhain­aut, une bien belle manière de renaître, pour le moins ; le poète est présen­té par Thier­ry-Pierre Clé­ment, dans le cadre de la paru­tion du livre De jour comme de nuit, au sein des jeunes édi­tions Le Bateau fan­tôme de notre ami Math­ieu Hil­figer, mem­bre fon­da­teur de Recours au Poème. On décou­vri­ra les fortes ori­en­ta­tions poé­tiques de cet édi­teur ici. Il y aura sans doute des esprits cha­grins pour trou­ver que ce nom de mai­son d’édition fait un peu « wag­nérien » mais bon… les esprits étriqués vivent dans l’étroitesse de leurs ragots. Plus impor­tant, Thier­ry-Clé­ment mon­tre com­bi­en l’entretien entre Dhain­aut et Hil­figer, entre­tien qui forme la sève de ce livre, per­met de saisir l’âme poé­tique du poète. Il est beau de lire des poètes qui don­nent à lire d’autres poètes, généreuse­ment, loin du tombeau des egos.

La générosité, en actes et en paroles, cet autre mot pour dire fra­ter­nité, l’essence même de la poésie. A ceux qui s’in­ter­rogeraient sur le moteur et la rai­son d’être de Recours au Poème, tout est dit.

Vient ensuite un superbe (le mot n’est pas trop fort) dossier con­sacré par Lin­da Maria Baros à la poésie roumaine con­tem­po­raine. On décou­vri­ra (ou non) et on lira les vers pleins de chair, pour plagi­er out­rageuse­ment la présen­ta­tion de Lin­da Maria Baros, de : George Vul­tures­cu, Mircea Bâr­si­la, Gabriel Chi­fu, Mar­ta Petreu, Floarea Tutu­ianu et Lucian Vasiles­cu. Et l’on fera, pourquoi pas ?, au sujet de Mar­ta Petreu un petit détour par .

La par­tie « à livre ouvert », espace con­sacré aux lec­tures de recueils et livres récents, tou­jours aus­si ample, est main­tenant cen­trale dans les pages du jour­nal. Une inno­va­tion rare.

Un sec­ond dossier rend hom­mage à Arthur Haulot, un cen­te­naire ce n’est pas rien.

Vien­nent ensuite les paroles en archipel et les voix nou­velles pro­posées par la rédac­tion de la revue. On lira avec bon­heur des poèmes de Muir, Bocholi­er, Boudet, Dhain­aut, Mont­bri­son, Ifrim, Laâbi, Mar­coal­di, Maire, Val­duga, Moara­bethi, Hamat et Bahri. Sans oubli­er la chronique de Philippe Leuckx.

Une bien belle œuvre que cette œuvre poé­tique qu’est la nou­velle for­mule du Jour­nal des Poètes.

   

 

Le Jour­nal des Poètes 1/2 2014.
Avenue Dier­ickx 18 – B. 1160 Bruxelles.
Edi­teur : le Tail­lis Pré. Rue de la Plaine, 23, B. 6200 Châtelineau.
Con­tacts : wauthierjeanluc@yahoo.fr
Abon­nements Bel­gique et France: 30 euros
Pour les abon­nements français, s’adresser à la revue par courriel :
thp.clement@gmail.com
Le lecteur français intéressé s’abonne aisé­ment par virement.

 

image_pdfimage_print