- On lui jette des pier­res, que cha­cun sache bien qu’on lui jette des pier­res. Il est Celui à qui on jette des pier­res. Et celui qui a faim, qui n’a pas mangé depuis un mois, depuis un an. Il faut que cha­cun sache qu’Il n’a pas mangé, qu’Il a faim, qu’Il va se sui­cider. Apprenez qu’Il va se sui­cider à cause de vous.
Vous êtes tous des cons et des salauds. Vous l’ignoriez ? Ha ha ! Tous, vous enten­dez, tous, vous êtes sales, lui seul est PUR. Il puri­fie l’ordure, il se puri­fie, en souf­flant dessus, comme ça.
Quand le com­pren­drez-vous ? Il demande si peu. Que vous recon­naissiez qu’on lui jette des pier­res, qu’il a faim, qu’il va se sui­cider. Votre opin­ion l’exalte. Et j’oubliais : il a besoin de votre place, de votre vie, de votre amour. Pourquoi ? Pour aller plus loin. Le voilà assis à votre table, et sa main est posée sur la nuque de votre femme, qui trou­ve cela naturel.
Il ne vous reste qu’un par­ti à pren­dre : jetez-lui des pier­res. Ain­si, il aura deux fois rai­son. Il sera Dieu.
Je ne fais que par­ler con­tre, con­tre, con­tre. Mais il titube. Tête lourde à porter c’est vis­i­ble. Peut-être vrai­ment ne com­prend-il rien à ce qui se passe. Miroir sans tain, à tra­vers lequel je le vois. Mais lui, que voit-il ? Idiot suprême qui voit au-delà de l’intelligence. Que faire ?
S’interroger sur cette mirac­uleuse fac­ulté. L’étudier, d’une curiosité pas­sion­née, jusqu’à ce que la con­nais­sance soit com­plète, jusqu’à ce que jus­tice soit faite. Mais il faut pay­er de tout son poids de vie. C’est le prix. Jusqu’à ce que mort s’ensuive. Atten­tion à l’idiot. Il tue.

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