(In memo­ri­am : Anto­nio Tabucchi )

Ils dis­ent qu’ il est mort hier d’un cancer
et j’ai pen­sé non il n’est pas mort
parce que tous ses livres sont encore sur mes étagères
m’étreignant comme un doux nid de rêves

et j’ai pen­sé non il n’est pas mort
parce qu’il y a quelques années un ami l’a cru mort
et je l’avais ressus­cité en décou­vrant qu’il n’é­tait pas mort
mais puisque la réal­ité est façon­née par les média
en fait il l’est vraiment

et le réal­isme vainc la magie
le réal­isme rend laide la folie
le réal­isme dit que les choses devraient être
d’une cer­taine façon et pas d’une autre
et blesse le poète.

Je me demande dans quel rêve Tabuc­chi choisit de manger
une omelette de fèves et de sauciss­es avec son ami Fer­nan­do Pessoa
et si sous le tan­go de leurs pas le sable est aus­si blanc
que la lumière lunaire de mon écran d’ordinateur.

Quand meurent des hommes comme lui il ne nous reste
que la faible lueur
des luci­oles, sans chaleur
comme des mir­a­cles éteints.

La semaine dernière à Milan un nom­mé Giancarlo
m’a dit que les Ital­iens ne lisent plus de livres
ce sont les can­cres de la Vieille Europe a‑t-il dit
or la beauté existe vrai­ment ici,  mais tout est en ruine.

Avant que Tabuc­chi n’ait  fer­mé son livre
il nous a dit “Prenez soin
du futur.”

 

 

Traduit de l’anglais par Mar­i­lyne Bertonci­ni, avec l’aide de l’auteur.

 

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