Une funeste nuit s’étend sur ces infortunés
Homère, Odyssée, XI-19
Ces gens de l’hiver t’apostrophent
Tu viens les divertir pour autant
ce n’est pas un soleil
Ils acquiescent par curiosité aux mots que tu leur sers
par épuisement le plus souvent
ce n’est pas ça qui les touche
Et quoi donc ?
Comment, pour l’heure, produire une émotion
ne pas sombrer à la croisée du chemin
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Tu ne parles que mort guerre déferlement d’atrocités
Sans doute c’est ton histoire
Chacun couve jalousement un récit personnel
la trame s’étoffe avec la respiration
elle déborde le canevas
…
ton pays ne recèle-t-il pas des beautés
qui valent d’être chantées ?
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On dit les paysages des merveilles où les dieux baignent
dans les senteurs du genêt
et les filles avec des regards qui ensorcellent
Est-ce vrai ?
et un rivage où les dunes viennent s’agenouiller
pour échapper au harcèlement de l’agave et du figuier
Est-ce vrai aussi ?
et des fruits exotiques vendus en cornet à la sortie des cinémas
N’est-ce pas vrai ?
Ce qui est vrai ne trouve-t-il pas les mots sans difficultés ?
Cette vérité qui nous la dira ?
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Merci d’être venu réciter des poèmes
qu’est-ce que ça coûte de remercier
hélas c’est trop triste
deviser avec nous est pour toi une épreuve/ comme pour nous
…
On aimerait des choses plus rebondies
nous ouvrir l’espace
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Tu as fait échouer ton bateau pour préparer les libations. Ce que tu psalmodies tu ne l’as pas inventé ni reçu par la dictée de quelque dieu attaché à tes pas. Tu t’étrangles au milieu de la récitation. Ce n’est pas la première fois que tu franchis le seuil d’une prison mais te voilà sous le choc comme novice surpris par le claquement des voiles que tord un vent de folie.
Tu es ému