Une funeste nuit s’étend sur ces infortunés
               Homère, Odyssée, XI-19

 

 

 

 

Ces gens de l’hiver t’apostrophent

Tu viens les diver­tir                                    pour autant

ce n’est pas un soleil

 

Ils acqui­es­cent par curiosité aux mots que tu leur sers

par épuise­ment le plus souvent

ce n’est pas ça qui les touche

 

 

           Et quoi donc ?

           Com­ment, pour l’heure, pro­duire une émotion

           ne pas som­br­er à la croisée du chemin

 

 

*****

 

 

Tu ne par­les que mort guerre défer­lement d’atrocités

Sans doute c’est ton histoire

 

Cha­cun cou­ve jalouse­ment un réc­it personnel

la trame s’étoffe avec la respiration

elle débor­de le canevas

 

ton pays ne recèle-t-il pas des beautés

qui valent d’être chantées ?

 

 

 

*****

 

 

On dit les paysages des mer­veilles où les dieux baignent

dans les sen­teurs du genêt

et les filles avec des regards qui ensorcellent

Est-ce vrai ?

 

et un rivage où les dunes vien­nent s’agenouiller

pour échap­per au har­cèle­ment de l’agave et du figuier

                           Est-ce vrai aussi ?

 

et des fruits exo­tiques ven­dus en cor­net à la sor­tie des cinémas

                                           N’est-ce pas vrai ?

 

 

Ce qui est vrai ne trou­ve-t-il pas les mots sans difficultés ?

Cette vérité qui nous la dira ?

 

 

*****

 

Mer­ci d’être venu réciter des poèmes

qu’est-ce que ça coûte de remercier

hélas c’est trop triste

devis­er avec nous est pour toi une épreuve/ comme pour nous

On aimerait des choses plus rebondies

nous ouvrir l’espace

 

 

*****

 

Tu as fait échouer ton bateau pour pré­par­er les liba­tions. Ce que tu psalmodies tu ne l’as pas inven­té ni reçu par la dic­tée de quelque dieu attaché à tes pas. Tu t’étrangles au milieu de la réc­i­ta­tion. Ce n’est pas la pre­mière fois que tu fran­chis le seuil d’une prison mais te voilà sous le choc comme novice sur­pris par le claque­ment des voiles que tord un vent de folie.

Tu es ému

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