Jean-Pierre Gan­de­beuf, <em>Le vis­age regardé sauve son âme</em>

Qua­tre par­ties dans ce recueil de courts poèmes. La pre­mière s’intitule Pour met­tre le feu à mon gale­tas. Les pre­miers mots sont un plutôt moqueurs : Il y a des textes dont on se dit qu’ils méri­tent un accom­pa­g­ne­ment pal­li­atif et qu’on ira les lire dans les fjords des îles Féroé en bénis­sant les sternes.

Je ne suis pas dans un fjord, mais chez moi. Dehors le temps est féroïque : pluie, bour­rasques froides et gris­es… Les mou­ettes et les goé­lands sont plan­qués. Le ciel est vide. Je retrou­ve les oiseaux, beau­coup d’oiseaux, dans cette par­tie, ils sont nom­breux. Ce ne sont pas les seuls ani­maux que Jean-Pierre Gan­de­beuf con­voque dans ses textes, quelques chevaux, un renard… De la plume et du poil. Pas de crevettes mais des griz­zlis aus­si tra­versent les cir­cuits cérébraux de l’auteur. Chaque texte, comme une pal­pi­ta­tion, une lueur, un pas d’ours.

Deux­ième par­tie : On ne sale pas les vio­lettes. On vit au jour le jour. Au petit jour. à hau­teur de soi, quand on arrive à s’y tenir. Les textes jon­g­lent avec ce ques­tion­nement : qu’est-ce que vivre ? et comment ? 

Jean-Pierre Grande­beuf, Le Vis­age regardé sauve son 
âme, La Boucherie lit­téraire, col­lec­tion La Feuille et
le fusil, 2018. 

Sur la balance 
de ma vie mode d’emploi

Un peu d’espoir
pas vrai­ment d’espérance

Avec le ciel
on n’est pas copain

 

Troisième par­tie : Dans la mai­son de Perrault.

Ce ques­tion­nement est quo­ti­di­en et s’attache aux petits riens de la vie ; autrement dit au tout de nos vies. Et finalement 

 

Une vie

pas deux

il ne faut pas sur­charg­er la nature

 et pro­mou­voir

des mil­liers de gamelles sentimentales

alors

on en reste là ?

-siou­plait !

 

Qua­trième par­tie : En accord avec l’averse.

On pour­rait croire à un livre dif­fi­cile, gris et plom­bant. Pas du tout. Tout est manié avec un humour un peu British, sorte d’air de rien ludique aus­si bien avec les mots, qu’avec l’imaginaire. On croise  ain­si par exemple 

Si je fais entrer 

un héron dans le texte

 

il s’offusque

 

nég­lige la pro­fondeur du papier

   

demande à voir les poissons

ou bien ce pru­dent là

Par pru­dence

 

il dor­mait en chien de fusil

à côté de son révolver

 

Je ter­min­erai par la fin de la 4e de couverture :

Chaque jour, j’obéis à un proces­sus amer où le bur­lesque est le moins pire de ce qu’il peut advenir, sachant qu’à l’horizon du rien, dans les car­tons du rêve, il y a tou­jours une mai­son dans les bois.

 

Tsve­tan­ka Elenko­va, Dis­tor­sion

Globe
Là où
sur la sur­face lisse et convexe> 
le reflet ren­con­tre le reflet
se trou­ve la prunelle
plate comme celle de serpents
l’équateur y est aussi
et l’orgasme
et la che­nille enroulée et les anémones
l’obturateur
les pluies jour et nuit
Ne me dis conc ps
qu’en bas et en haut
c’est le ciel

 

 

Tsve­tan­ka Elenko­va, Dis­tor­sion, Edi­tions
Corps Puce, col­lec­tion Lib­erté sur parole 
(vol­ume 54), 2018.

Ici dans les poèmes de ce livre tout se tient. Se tient et se dérobe à la fois. Le monde est un tout et les mots tour­nent autour, se sai­sis­sent d’un objet et rebondis­sent sur un autre. Le monde est un et la poète s’y promène en ten­tant de rassem­bler cette diver­sité, de l’unifier, de lui ren­dre ordre et vie. Une vie com­mune à partager. Se sen­tir unie au monde.

Cette com­mu­nion est une des pistes que pour­suit inlass­able­ment et dans toutes les langues la poésie. Mer­ci à Kras­simir Kavald­jiev et aux édi­tions Corps Puce de nous partager les chemins de Tsve­tan­ka Elenkova.

Chris­tine Van Ack­er, <em>La Potion</em>

Huit petites feuilles volantes que l’on garde pré­cieuse­ment sous enveloppe et qui nous offre la recette de la potion ! La potion de Panoramix ? Celle de l’enfant du jardin ? Ou encore… 

Une bonne rasade d’enfance à vivre au présent. C’est tiré à 120 exem­plaires, donc rare. Est-ce qu’il en reste encore ? Une col­lec­tion à décou­vrir chez cet édi­teur : Pousse-café.

https://www.dessertdelune.be/store/c418/Pousse-Caf%C3%A9.html

Chris­tine Van Ack­er, La Dernière pierre, 
Les Car­nets du Désert de Lune.

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Patrick Joquel

Pour démar­rer l’année 22 : paru­tion du cairns 30 sur le thème de l’éphémère à nos petites édi­tions de la Pointe Sarène. Quelques ren­con­tres avec des class­es réus­sis­sent à se main­tenir, sou­vent avec des effec­tifs réduits cepen­dant. l’année 2021 s’est ter­minée par deux paru­tions : — photo/poésie avec Flo­ra Div­ina-Touzeil pour les pho­tos, Regards félins, aux édi­tions de la Pointe Sarène. Mod­èle du pho­tographe : une chat­te noire. Haïkus et tankas les accom­pa­g­nent. — Canal de la Siagne, édi­tions Csprod. Livre de pho­to du canal de la Siagne et de celui du Loup qui ali­mentent en eau potable la ville de Cannes et son bassin. J’ai été chargé d’en écrire les pages rela­tant l’histoire du canal et en con­séquence celle de l’essor Can­nois. Des haïkus accom­pa­g­nent égale­ment quelques pho­tos. Et une ré-impres­sion de notre photo/haïkus sur le Parc Naturel Région­al du pays Gras­sois. Mal­gré les con­di­tions san­i­taires, l’agenda s’est déjà bien rem­pli pour cette année. Espérons que cela tienne… www.patrick-joquel.com Je suis né à Cannes, en 1959 ; je vis à Mouans-Sar­toux. J’ai enseigné dans les Alpes Mar­itimes, au Séné­gal, en Angleterre. J’aime autant la mer que la mon­tagne, le soleil que la neige. J’aime nag­er, marcher ou ski­er. Je suis curieux, éclec­tique et plutôt lent. Mes goûts vont des ravi­o­lis niçois au poulet mafé de M’bodiène, du tabouleh de Bey­routh au fish and chips de Whit­by en pas­sant par les plats de Kyoto ou de Mal­o­los… J’aime voy­ager mais j’aime aus­si m’arrêter chez moi, chez l’autre ou en bivouac de mon­tagne. Je voy­age aus­si à la ren­con­tre des lecteurs, avec mes lunettes et mes livres. www.patrick-joquel.com