(extraits)
Abandon
Le vertige de la parole
ne se mesure plus
L’oubli est au regard obtus
l’espérance immense
si bien perdue
Le rire n’est plus celui de l’enfant
il est double
et en cela divisible
Comme un quêteur d’étoiles
l’ombre se penche au miroir
mais les mains impuissantes
restent vaines à saisir la clarté
Ciel goût de sel
ouvert
ravive la blessure
du gris s’étend
épaisse la pensée
le feu d’entre les murs s’enfume
les fenêtres sont humides
O le sommeil en proie
lorsque les mains se convulsent
la chair frisonne engluée
O le drap de prière
Projetée vers d’improbables issues
la course défie la source
Patience, trajectoire, délaissées
les pics se dressent au sable nu
Glisse le grain aux fentes des dialogues
la solitude est affirmée en vain
Tant d’ombres mouvantes
flottent sous les yeux clos
La mâchoire serrée
en appui
sur la main
porte le poids intense
de l’effort vain
le cou ploie
sous le coup sombre
Cependant le vent
bat les pans
d’une fenêtre ouverte
Un manque de souffle
tache le chant
Seuls les yeux suivent la montée des mots
tandis qu’une voix tombe
le long des cordes élimées
La langue ravale l’élan retenu
pour n’avoir qu’attendu
Chaque commissure sous le sel
plisse puis craque
& le long de la terre
des souches de troncs secs
se vident éclatent
sous le gel
Ombre sève sombre
obscurcit le songe
Cingle le vent et glace les joues tendres
Par des cieux pâles
l’allée aux frêles merisiers
empoudre nue
l’entaille au sol
Trop de blancheur
la vie en creux
miroir un instant apparu
se fige
O l’étreinte d’un jour clos
Cependant suintent
des gouttes de chaleur
le long des paumes jointes
Une veille en sommeil recueille
la vague promesse d’un soleil plein
Panse les gerçures
déjà les impatiences
se récusent
Pourtant l’instant
s’éprouve démuni
L’afflux du vent s’écoule
glacé au cœur des veines
Sous un ciel obscurci
le faix des villes se raidit
Il pleut le
long
des verticales
Tombe
l’ombre
Lasse
s’apaise la révolte
L’appel avec son heure ont fui
délaisse pour le désert
des cieux dolents
se fanent
Reste un lisse visage
blême
que le sort peine
d’un doigt à désigner
tenant la mort comme faiblesse
Voici venir le temps
où les forces reviennent
Le don est sans rancœur
nourricier généreux